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« La page blanche ne me fait pas peur, au contraire ! »

Quand il n’est pas au bloc opératoire ou en train de mener des recherches en laboratoire, Philippe Liverneaux s’attelle à son autre passion : l’écriture. Prolixe, ce pionnier de la microchirurgie robotique en est déjà à son troisième roman en trois ans… des romans dans lesquels son activité de chirurgien n’est jamais très loin.

Rimbaud, Mallarmé, Proust, Rousseau, Camus, Vian… Philippe Liverneaux est un passionné de littérature et de classiques, qu’il dévore depuis son enfance. Adolescent, il s’essaye à la poésie en alexandrins à la manière de Baudelaire. Il tient également un journal durant un an. « Mais j’ai perdu tous mes écrits », confie le chirurgien, stoppé net dans son élan littéraire par un 4 sur 20 au baccalauréat de français.

Passionné de sciences, il s’oriente vers des études de médecine, laissant le temps d’une carrière bien remplie l’écriture de côté, pour la retrouver en 2018. « Sur Linkedin, je suis tombé sur un post d’un laboratoire faisant une démonstration de micro-endoscopie en plein milieu d’un congrès, comme dans une foire. » Dans les commentaires, Philippe Liverneaux dénonce une opération sur quelqu’un de non malade sans conditions d’asepsies. « Tous mes posts ont été effacés par le PDG de la société. » Se considérant victime de censure, le chercheur décide de rédiger un essai écrit en un mois et demi, dénonçant la « live surgery ».

Un peu comme une thèse de science

La machine est lancée et l’année suivante, Philippe Liverneaux publie son premier roman, Le manuscrit perdu de Pierre Loti, près de la maison duquel il a vécu durant trois ans, à Rochefort. L’histoire ? Un jeune chirurgien dans les années 1990 découvre dans une cabane un manuscrit de Pierre Loti qui le mène à travers l’histoire du Premier Empire et de la Troisième République. Au menu : de l’aventure, de l’amour – « sinon, c’est pas marrant » – et des batailles. L’occasion de découvrir une fracture du poignet prise en charge à différentes époques, chirurgien-auteur oblige…

Considérant qu’un roman s’écrit en un an, Philippe Liverneaux récidive en 2020 avec Un urgent besoin d’humain, terminé en février, juste avant la crise de la Covid-19, qui sort ce mois-ci. « Il y a des gens qui jouent au golf, moi j’écris ! C’est un peu comme une thèse de science », souligne le chercheur, qui profite de ses temps de voyages en train et en avion pour s’adonner à cette activité, à l’ordinateur. « Je ne sais plus écrire à la main, comme vous le savez, les médecins écrivent très mal ! »

« Je ne dirai pas de qui je me suis inspiré... »

Exit le roman historique. Sur les conseils de son épouse, le chirurgien se tourne vers une thématique actuelle, qu’il connait bien : la crise dans les hôpitaux et ce en suivant deux personnages dont les destins vont se croiser. D’un côté, Laïla, jeune interne d’origine maghrébine issue d’un milieu défavorisé qui souhaite devenir chirurgien, pour laquelle Philippe Liverneaux dispose d’une « documentation personnelle ». De l’autre, Norbert, fonctionnaire du ministère de la Santé venant d’un milieu aisé parisien, proche de la retraite, en charge pour l’extrême-droite au pouvoir de réformer le système de santé et d’en réduire le coût.

Le dernier chapitre est réécrit en pleine pandémie et se raccroche à l’actualité, avec un personnage controversé proposant de soigner la Covid-19 avec des plantes qui devient ministre de la Santé. « Je ne dirai pas de qui je me suis inspiré », sourit le chirurgien, qui a déjà commencé un troisième roman, écologique cette fois. « L’inspiration se travaille, la page blanche, ça ne me fait pas peur, bien au contraire ! », glisse Philippe Liverneaux. Il propose une suite du roman de Romain Gary, pionnier de l’écologie, Les Racines du ciel. Roman qui avait obtenu le Goncourt en son temps. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !

Marion Riegert

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