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« L’Unistra ne mettra pas en place, cette année, la certification obligatoire en langue anglaise »

Qu’est-ce que la certification obligatoire en langue anglaise et pourquoi l’Université de Strasbourg ne la mettra pas en place ? Eléments de réponse avec Benoit Tock, chargé de mission Formation.

La certification obligatoire en langue anglaise doit se mettre en place à la fin de ce premier semestre 2021. De quoi s’agit-il ?

Il y a deux ans, Edouard Philippe, alors Premier ministre, avait annoncé que tous les étudiants, à l’issue du premier cycle de l’université, devraient désormais présenter une certification en langue anglaise. Cela concerne les étudiants en licence, licence professionnelle et BUT (IUT). L’objectif affiché est de favoriser le commerce international, en renforçant la connaissance de l’anglais.

A partir de quand cette certification s’applique-t-elle ?

Cela s’applique dès cette année aux licences professionnelles, et aux licences en langues et l’année prochaine à l’ensemble des étudiants en fin de premier cycle.

Quel niveau de langue est certifié ?

La certification ne fixe aucun niveau. Le fait de présenter la certification est une exigence pour pouvoir passer le diplôme mais n’influe pas sur la note finale du diplôme. Simplement, la certification garantira aux équipes pédagogiques de master ou aux employeurs futurs le niveau d’anglais de l’étudiant.

Comment allez-vous mettre en place cette certification ?

Nous ne sommes pas convaincus par la pertinence de cette certification et nous ne la mettrons pas en place cette année. Nous l’avons notifié à la ministre.

Pourquoi ce refus ? Cela ne va-t-il pas nuire aux étudiants ?

Nous faisons plusieurs reproches à cette certification privée. Le ministère lui-même finance depuis des années la Certification en langue de l’enseignement supérieur (Cles). Nous sommes très investis dans cette procédure et nous ne voyons pas pourquoi nous avons besoin de passer par une certification privée. Par ailleurs, l’Etat ne nous impose pas d’enseigner l’anglais à l’université : si un étudiant veut apprendre une autre langue il peut très bien le faire. Si l’Etat veut nous imposer l’enseignement de l’anglais, qu’il nous le dise. Nous sommes nous-mêmes très attachés à la certification en langue : nous en avons introduit le principe dans notre projet de rénovation des licences Include. Nous voulons que d’ici dix ans, 70 % de nos étudiants puissent certifier un niveau B2 dans au moins une langue. En nous fixant un objectif, nous comptons améliorer la qualité de l’enseignement et la motivation des étudiants. Or dans ce que propose le ministère, il n’y a aucune exigence de niveau et on peut donc s’interroger sur l’effet que cela aura sur le niveau d’anglais de nos étudiants. Nous ne sommes pas opposés par principe à la certification en anglais, mais pas au détriment d’autres langues et à condition de l’assortir d’une exigence de niveau. Nous sommes donc demandeurs d’une concertation avec le ministère afin de rendre le projet plus pertinent.

Propos recueillis par Jean de Miscault

 

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