Université

Dans les IUT, une ambitieuse réforme en marche

Un nouveau diplôme, le Bachelor universitaire de technologie (BUT), conférant le grade licence ; un objectif d’au moins 50 % de bacheliers technologiques ; une approche par compétences… Entrée en vigueur à la rentrée 2021, l’ambitieuse nouveauté du BUT s’inscrit dans la réforme de la licence professionnelle, voulue par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri). Pourquoi ? Comment ? Yann Gaudeau et David Cazier, directeur et directeur adjoint de l’IUT de Haguenau, où ils enseignent également, nous en disent plus.

Le grade de licence

Avec l’arrivée du Bachelor universitaire de technologie (BUT) sur les maquettes, les IUT voient leur offre complètement recomposée : à Strasbourg, c’est 90 des licences professionnelles qui sont ou seront à terme converties au nouveau système, estiment Yann Gaudeau et David Cazier, à l’image des chiffres de leur IUT. « En alignant nos formations sur le schéma LMD, on leur offre davantage de visibilité dans un système européen des diplômes, donc une meilleure reconnaissance pour nos diplômés. »

Avec, à terme, une disparition du DUT (bac +2) ? « Cette réforme acte une évolution de ces dix dernières années : 90 % des diplômés de DUT poursuivaient en licence professionnelle ou vers des bac+5 », souligne David Cazier.

Offrir aux futurs étudiants une meilleure lisibilité de l’offre, c’était aussi parmi les objectifs de la réforme : « On l’a vu lors de nos entretiens de recrutement, cet été, les étudiants avaient bien identifié sur Parcoursup les parcours vers lesquels ils souhaitaient s’orienter ». Au niveau national, ce sont en effet 1 000 licences pro qui ont été rassemblées en 85 parcours de BUT. Côté programme : 2/3 des enseignements sont un tronc commun, décrit nationalement. Le reste (1/3) est laissé aux spécificités locales, « en fonction du contexte industriel ou des spécificités. Par exemple chez nous, on laisse une place à l’enseignement de l’allemand ou au besoin de nos industriels locaux ».

L’approche par compétences

La réputation des IUT n’est plus à faire : depuis 50 ans, les entreprises leur font confiance pour former les professionnels dont elles ont besoin. L’offre de formation est établie en lien étroit, selon les besoins et les évolutions du tissu économique. La réforme du BUT poursuit cette logique, avec une place importante accordée aux enseignements pratiques.

« L’approche pédagogique a été repensée », explique Yann Gaudeau. Tous les diplômes sont désormais décrits en termes de compétences, dont l’acquisition se fait par paliers, en trois ans. « La grande nouveauté, ce sont les Situations d’apprentissage et d’évaluation (Saé), des mises en situation professionnelle par projets. » A la fois individuelles et collectives, ces Saé mettent en situation les étudiants dans un contexte proche de ce qu’ils pourraient vivre en entreprise. « Chaque compétence compte au moins une Saé, donc ils en auront de 6 à 10 par an, selon leur parcours. Et cela représente au moins 40 % des coefficients des unités d’enseignements, complète David Cazier. On sort d’une approche thématique, on est beaucoup plus dans l’interdisciplinarité. » Cela demande aux enseignants de changer en profondeur leur approche, de travailler davantage en lien les uns avec les autres. « Cela ne se fait pas du jour au lendemain, mais tout le monde se forme pour cela », précise David Cazier, lui-même formateur au niveau national.

Figure aussi au menu de la réforme le renforcement de l’alternance, vectrice de réussite et d’insertion professionnelle : « A l’IUT de Haguenau, tous les parcours sont déjà ouverts à l’alternance. On se félicite toutefois de ce que la réforme va simplifier les parcours, tant pour les étudiants que les entreprises : plus besoin de changer de contrat de travail entre une DUT et une licence professionnelle ! »

Faire réussir un public varié

C’est un des objectifs sur la feuille de route des IUT, encore accentué. L’introduction d’un objectif de 50 % de bacheliers technologiques « instaure une discrimination positive pour ces derniers, qui auront de fait des places réservées, ce qui est une bonne chose pour eux », souligne Yann Gaudeau. Encore faut-il que le vivier soit là : « En Alsace, on remplit partiellement cet objectif, selon les filières et le vivier - entre 10 et 50 %, poursuit le directeur. Pour celles attirant beaucoup de candidats, on a le luxe de choisir nos candidats, y compris venant de la voie générale. Côté débouchés tertiaire post-bac, il n'y en a pas assez dans le supérieur, dans notre académie, pour les bacheliers technologiques Sciences et technologies du management et de la gestion (STMG). Le ministère comme l’université ayant tout intérêt à désengorger certaines filières, on devrait fatalement aboutir à une recomposition ces prochaines années, mais tout ceci se fait sur le temps long. Le besoin des entreprises en cadres intermédiaires est là. C’est tout un enjeu de revalorisation de la filière technologique qui se pose. »

En ce qui concerne la poursuite d’études, les passerelles pour intégrer des écoles de commerce ou d’ingénieurs et les masters, sont facilitées.  « On ne sait pas encore dans quelle proportion les étudiants vont exploiter ces possibilités, il est encore trop tôt pour le dire », conclut David Cazier.

Elsa Collobert

 

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