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Souriez, vous savez vacciner !

Tous volontaires au sein de la réserve sanitaire, plusieurs centaines d’étudiants en santé ont été formés ces derniers jours à la vaccination Covid-19, en conditions proches de la réalité, dans l’Unité de simulation de la Faculté de médecine (Unisimes). Ils prendront cet été le relais des soignants mobilisés en centres de vaccination.

« Je vous montre comment prélever des doses pour le vaccin. Attention aux bulles d’air ! » Face aux étudiants concentrés, Élisabeth Becker, cadre de santé infirmière, a le geste sûr des professionnels aguerris. Dans son flacon, « non pas le précieux sérum Pfizer, Moderna ou AstraZeneka, mais une solution approchante, pour coller au plus près de la réalité, ce qui n’aurait pas été possible, par exemple, avec des flacons vides. »

Même chose pour le geste vaccinal : « On utilise de faux bras en mousse posés sur des étudiants, comme cela on peut prendre en compte les mouvements du patient et sa position, ce qui ne serait pas possible si on faisait le geste sur une surface plane », explique la formatrice, tout en enfonçant sa seringue d’un geste « franc et net ».

Face à elle, dans la salle du premier étage de l’Unisimes (Unité de simulation européenne en santé), au cœur de l’Hôpital civil, un groupe d’une vingtaine d’étudiants en santé, médecine et pharmacie, essentiellement entre la quatrième et la sixième année, mais aussi des étudiants en chirurgie dentaire et soins infirmiers. Ils seront 110 à être formés ce vendredi 4 juin, et tout autant le lundi suivant. Et « de nouveaux créneaux vont être ouverts, assure Gilles Mahoudeau, médecin anesthésiste réanimateur, coordinateur de l’Unisimes et chargé de cette formation, car les volontaires sont encore nombreux. « 330 étudiants, rien qu’en médecine, se sont manifestés », si l’on en croit Raphaël Sturm, coordinateur de la réserve sanitaire, lui-même étudiant en 4e année.

Trois heures de théorie, deux de pratique

Pour se faire délivrer une certification, sésame leur ouvrant les portes des centres de vaccination – job d’été tout trouvé ! – ils ont d’abord suivi une formation théorique de trois heures en ligne, conçue par l’École des hautes études en santé publique (EHESP), sous l’égide du ministère de la Santé. Complétée par une nécessaire mise en application pratique, qui leur est proposée aujourd’hui pendant deux heures, sous la responsabilité scientifique du professeur Yves Hansmann. Participer à l’effort national vaccinal, « c’est se sentir utile et apporter un soutien aux soignants en poste, qui pourront souffler cet été », anticipe Makbule Can, étudiante en 4e année de pharmacie. Selon leurs expériences en stage, tous n’ont pas encore piqué. « Seulement dans la cuisse mais jamais dans le bras », précise pour sa part Simon Wolff, lui aussi en 4e année de pharmacie.

« Cette formation, c’est totalement dans l’esprit de l’Unisimes », rebondit Pierre Vidailhet, professeur en psychiatrie et coordinateur de la plateforme, dont la devise pourrait se résumer à « jamais la première fois sur le patient ». Au-delà du geste technique, la pratique du médecin intègre la préparation de son matériel, l’accompagnement du patient dans son diagnostic, l’échange autour de ses craintes… Un entraînement que permet l’Unisimes, grâce à tous ses mannequins, jeux de rôles, machines et matériel : « Ici, il n’y a pas de limites, on peut faire et refaire sans avoir peur de se tromper sur un vrai patient. Cela réduit le stress de l’étudiant en conditions réelles. Et nous avons aussi la possibilité d’être réactifs, pour organiser rapidement ce genre de formations très pratiques ». Autre avantage : se familiariser tôt à l’interprofessionnalité, au travail entre médecins, pharmaciens, infirmiers, dentistes…

Vacciner ne se résume effectivement pas qu’à piquer ! Cindy Staar, en 4e année de médecine, confirme : « Ce qui est compliqué, ce n’est pas le geste de la piqure, c’est tout ce qu’il y a autour » : préparation des doses, pour certaines à mélanger avec du sérum physiologique, le tout dans le respect de strictes mesures d’hygiène. Il faut aussi se préparer à répondre aux questions, parfois aux anxiétés des patients, et à un éventuel malaise, ce qui sera fait dans la dernière demi-heure de la formation. « Pour 99 % d’entre eux, c’est une situation qu’ils ne rencontreront pas, mais aux moins ils auront été formés à cette éventualité », conclut Pierre Vidailhet.

Elsa Collobert

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