Communauté

La très « share » amitié franco-britannique d’Isabel et Marie-Christine

Ni les 50 ans qui les séparent, ni la Manche, ni la distance physique, n’auront été un frein à leur amitié, née il y a un an grâce au programme de conversation en ligne ShareAmi. Rencontre (virtuelle) avec la retraitée strasbourgeoise Marie-Christine Creton et la jeune britannique Isabel Cartwright. Leurs discussions hebdomadaires ont même convaincu cette dernière de venir étudier à Strasbourg, l’an prochain !

« Je ne suis pas comme sa grand-mère – j’ai d’ailleurs déjà assez à faire avec mes petits-enfants ! Je dirais plutôt que je suis comme une "vieille amie" », sourit Marie-Christine Creton derrière l’écran, jouant du double sens de l’expression et l’expliquant tout de go à sa « jeune amie » Isabel.

Même si elles ne se sont jamais rencontrées « en vrai », elles échangent depuis un an, à la faveur d’un programme de conversation en ligne semblant taillé sur-mesure pour elle. Une véritable amitié est née entre l’active retraitée et l’étudiante un peu timide, en deuxième année de licence de français et chinois à l’Université de Warwick, près de Birmingham (Grande-Bretagne).

Rapprocher les générations

A l’origine, un pari et une grande ambition. Ceux des fondateurs d’Oldyssey, projet multidimensionnel qui « donne la parole aux vieux et montre des solutions pour rapprocher les générations ». Parmi celles-ci, la plateforme ShareAmi met en relation « des jeunes apprenant le français et des séniors vivant en France pour converser ». « Ça fonctionne un peu à la manière d’une agence matrimoniale », s’amuse Marie-Christine, mise en relation avec Isabel car elles partagent un même goût « pour les voyages, notre langue maternelle et celle des autres ». Et ça a « matché » !

« On s’entend très bien, elle me fait rire ! », raconte Isabel. Chaque mardi matin, à 9 h 30 pour Marie-Christine, 8 h 30 pour Isabel, elles se connectent et se racontent « des petites choses de notre quotidien », comme elles le feraient « autour d’un café, sauf que là on est sur Zoom ». « Je peux lui parler de choses comme de mon petit ami, ce que je ne ferais pas avec mes grands-parents », apprécie la jeune Anglaise, qui a aussi une autre « marraine » marseillaise, Martine. « On explore différents niveaux de langue », poursuit Marie-Christine, qui se plaît à décortiquer avec sa jeune correspondante british « des expressions de la langue française. Ça me permet même de découvrir des mots ! » « Les échanges sont plus informels qu’avec mes profs, je lui pose des questions sur l’argot ! » complète Isabel, qui davantage que sa progression en français, mesure la confiance en elle que ces échanges lui ont fait gagner. Tant et si bien qu’elle s’investit maintenant dans le projet ShareAmi en tant que bénévole, pour permettre la création « d’autres binômes, de nouveaux liens ».

« Décentrer le regard »

« C’est un véritable échange », souligne encore Marie-Christine, très heureuse de pouvoir « apprendre des jeunes, de leur façon de vivre, et d’échanger avec Isabel autour de questions d’actualités comme le Brexit. Ça permet de décentrer son regard. J’ai aussi progressé dans la maîtrise des outils informatiques grâce à ce programme. »

Même s’il a été lancé avant le confinement, ShareAmi a indéniablement bénéficié de la dynamique née de la pandémie : « Tout est parti d’un double constat : l’isolement des personnes âgées qui n’avaient plus de visites et celui des étudiants britanniques qui ne pouvaient plus voyager et pratiquer le français », expliquait Juliette Neyran, cofondatrice du programme, , au journal Le Monde, début avril. Dans tous les cas, Isabel comme Marie-Christine assurent que confinement ou pas confinement, elles s’y seraient de toute façon investies.

« Et on va même bientôt se rencontrer en vrai ! » se réjouissent les deux amies. Isabel a en effet choisi de venir à Strasbourg, à l’automne prochain, pour un semestre d’études (le second en Chine). « Je pourrai l’aider à se loger, et lui montrer plein de choses dans la ville », anticipe déjà Marie-Christine. Isabel verra la France pour la première fois, et elle peut être sûre que ce sera en bonne compagnie. De quoi sortir un peu la tête du déprimant fog ambiant !

Elsa Collobert

 

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