Focus

« Remettre l’humain au centre du projet de l’université »

Ses priorités, sa future équipe, la tenue d'Assises des ressources humaines d'ici l'été... Entretien avec le président de l'Université de Strasbourg, élu vendredi 19 mars pour un second mandat (30 voix pour, 3 abstentions, 3 votes blancs).

Dans quelle mesure le contexte sanitaire a pesé dans la balance pour vous représenter ?

Clairement, cela a joué dans la décision. Dès le mois d’août, l’équipe actuelle s’est interrogée sur la question de la continuité. Suite à une délibération collective, on a décidé d’y aller. De mon expérience, qui commence à être longue, j’ai retenu trois choses. D’abord, qu’une deuxième élection est toujours plus difficile qu’une première, parce qu’il y a un bilan, et il peut y avoir de l’usure ; ensuite, la campagne d’un sortant doit être celle de challenger, donc avec des projets ; enfin, la crise de la Covid et les grandes questions nationales ont montré que les élections dans les universités se jouent davantage sur des projets de site, pour les étudiants et les personnels, que sur des débats nationaux.

Quel regard rétrospectif portez-vous sur cette campagne ?

C’est une véritable campagne de terrain que nous avons menée, avec plus d’une centaine de webinaires programmés. Ce travail a permis de faire émerger des projets qui n’étaient pas dans la feuille de route initiale de la liste. Ce parti pris de co-construction a apporté, j’ose le dire, de l’enthousiasme. S’est exprimé également un besoin, certainement exacerbé par la crise, d’écoute et de considération, que ce soit de la part des personnels, des enseignants-chercheurs et des composantes.

Quant aux élections elles-mêmes, hormis le faible taux de participation des étudiants – ce qui n’est pas nouveau –, la participation était au rendez-vous. Un signe positif, adressé à l’équipe que je souhaite maintenant faire vivre pendant quatre ans, au service de l’université.

Vous héritez d’un contexte où tout, enseignement, recherche, travail administratif, a été chamboulé par la crise sanitaire. Comment l’abordez-vous ?

L’ensemble des instances de l’université sont impactées au quotidien par les conséquences de cette crise. Ce nouveau mandat en sera effectivement marqué et dans les deux ans qui viennent, notre action sera encore certainement impactée par la gestion et, restons positif, par la sortie de crise. La priorité reste le retour au présentiel, autant que possible. L’expérience nous a montré que le tout distanciel n’était pas la bonne solution. Les solutions hybrides qui ont été développées auront certainement des répercussions sur notre fonctionnement à l’avenir. Ces moments singuliers ont aussi rendu le présentiel précieux, en montrant que certaines activités pouvaient être bien faites en distanciel. Notre défi reste la réussite étudiante, c’est la mission sociétale sur laquelle nous sommes attendus. Il y a une urgence à gérer cette détresse du distanciel et à offrir aux étudiants la meilleure formation, ou plutôt la moins dégradée, malheureusement, en ce moment. Ce qui nous inquiète le plus, c’est la santé mentale des étudiants. Sur ce sujet, j’espère un consensus large. La crise sanitaire met aussi en lumière le caractère indispensable de la recherche scientifique.

Quels autres projets sont prioritaires ?

Le document d’orientation stratégique Cap 2030 doit être notre bible et notre livre de chevet. C’est le cap que nous voulons suivre, je m’y réfère sans cesse. Ce document appartient à toute l’université.

Des Assises des ressources humaines vont être organisées avant l’été. A minima six mois de chantier pour, à l’automne, aboutir à un certain nombre d’axes stratégiques concernant cette thématique, qui représente deux tiers du budget de l'université. En parallèle, une réflexion sur les finances et les financements va être menée.

Avec la création des ITI en 2020, qui ont vocation à fédérer la formation et la recherche, la réflexion sur les collegiums va également redémarrer, d’autant que le ministère nous demande de travailler à une offre de formation en cinq champs de formations.

Au-delà des réponses à des appels à projets où l’université s’engage, il y a un besoin de plus de proximité, de réactivité, il faut remettre l’humain au cœur du projet. La crise nous l’a une fois de plus montré, et nous avons eu de nombreux retours dans ce sens dans nos rencontres de campagne. Nous allons ainsi institutionnaliser la conférence des doyens et des directeurs de composantes.

Le but n’est pas de créer des mille-feuilles mais de trouver des axes d’amélioration pour mieux faire vivre nos missions de recherche, de formation, d’insertion professionnelle et de diffusion des connaissances scientifiques et techniques.

Que pouvez-vous nous dire, à ce stade, de votre équipe de vice-présidents ?

Je peux déjà vous dire qu’il n’y aura pas de vice-présidence dédiée à la Covid ! C’est une question transversale. L’équipe sera à la fois celle de la nouveauté et de la continuité. Parmi les nouveautés, la vice-présidence déléguée Egalité-Parité va devenir une vice-présidence à part entière et une vice-présidence dédiée au Développement durable et à la responsabilité sociétale va être créée. Ce sont des enjeux structurants, pas seulement un effet de mode. Ils concernent l’université à tous les niveaux et se matérialisent également dans notre participation aux projets structurants que sont Eucor – Le Campus européen ou Epicur.

Elsa Collobert et Frédéric Zinck

 

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