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La porte s'entrouvre pour un retour en présentiel

Les consignes distillées par le ministère permettent d'entrevoir un retour, au compte-goutte, des étudiants sur le campus. Un retour physique largement souhaité. Mais les annonces n'ont pas été à la hauteur des besoins et des espoirs (lire édito). Sont d’abord concernés les étudiants considérés comme les plus fragiles, premières années en tête. Pour les personnels, le télétravail reste de mise.

 

« L’université reste ouverte : les Travaux pratiques (TP), nécessitant des équipements particuliers, sont organisés sur place et la plupart des bibliothèques sont ouvertes », rappelle Benoit Tock, chargé de mission Formation auprès de l’administrateur provisoire. Les examens de fin de semestre, qui ont débuté en décembre et se sont poursuivis ces deux dernières semaines, se sont aussi tenus en partie dans les locaux de l’université.

 

Reste que l’espoir est grand, après deux mois de « distanciel », d’un retour plus massif sur les bancs des amphithéâtres, au lendemain des congés de Noël. « Il faut vraiment reprendre un maximum de choses en présentiel, dans le respect des gestes barrières, évidemment. » L’expérience des deux premiers mois du semestre 1 a montré que c’était possible, « et que l’université n’est pas un foyer de contamination », poursuit Benoit Tock.

 

TD à 50 % et groupes de 10

 

Les conditions posées par le ministère permettent d’entrouvrir la porte : « reprise progressive des enseignements présentiels par groupes de dix maximum (circulaire du 20 décembre 2020) et, annoncée jeudi 14 janvier, « une reprise des travaux dirigés, dans la limite de 50 % des capacités d’accueil des salles d’enseignement », dès le 25 janvier pour les étudiants de première année. Le tout, « conditionné à l’évolution de la situation sanitaire ».

 

Pour Benoit Tock, l’urgence est clairement de cibler les étudiants « les plus fragiles », qui présentent un risque de décrochage élevé, notamment grâce à l'instauration des groupes de dix. « Les composantes sont incitées à aller en ce sens, beaucoup ont déjà pris les mesures nécessaires pour former ces groupes de dix étudiants. Nous n’avons pas encore de statistiques sur les présences aux examens, mais nous remarquons déjà que le risque de décrochage est plus élevé que les années précédentes. » Et ce, particulièrement pour les premières années, mais aussi les étudiants en situation de handicap, internationaux, en précarité numérique et psychologique, tous ciblés comme prioritaires pour un retour en présentiel.

 

L’université compte sur « les composantes, qui connaissent leurs étudiants », pour faire ce difficile travail d’identification « au cas par cas », au vu de la jauge, ainsi que pour le recrutement des étudiants tuteurs (lire encadré), nouvellement embauchés, pour faire face à cette situation inédite de large démotivation. « On l'observe même pour des étudiants qui ont de bons résultats. C’est inquiétant », ajoute Pascale Bergmann, chargée de mission déléguée Réussite étudiante.

 

Divers ressentis personnels

 

« Nous avons conscience de la difficulté de la situation, d’autant que les ressentis personnels sont très variés : certains s’accommodent bien du tout distanciel, quand d’autres sont prêts à tout pour revenir ne serait-ce que 15 minutes à l’université », souligne Benoit Tock, qui précise qu’il serait utile de faire le bilan du semestre 1, et de sonder les attentes des étudiants vis-à-vis de l’université pour le semestre 2.

 

Une rencontre du Premier ministre avec les acteurs de l’enseignement supérieur, qui se considèrent, avec le monde de la culture, comme les grands oubliés du gouvernement, était organisée ce vendredi 15 janvier (lire édito). Avec l’espoir de mettre le pied dans la porte, pour l’ouvrir davantage. « On nous a déjà fait valoir que la marge de manœuvre est restreinte… »

 

Pour les personnels de l’université, chez qui la lassitude est palpable, la consigne reste au télétravail dès que c’est possible. Le cas échéant, lors des moments de présence au bureau, les gestes barrières (port du masque en présence de collègues…) sont bien sûr toujours de mise. Les activités de recherche en laboratoire, difficilement « télétravaillables », sont assurées sur site, dans le respect des consignes sanitaires.


E. C.

 

Un soutien et un accompagnement par leurs pairs pour les étudiants en difficulté

Bon à savoir

Causées ou amplifiées par la crise, les difficultés des étudiants n’ont jamais été si criantes : stress, baisse de motivation, démoralisation, décrochage, réorientation...

 

Un nouveau système de tutorat par leurs pairs vient d’être mis en place, financé grâce à un budget conséquent débloqué par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri). Objectif : 20 000 tuteurs étudiants dans les universités françaises. A l'Unistra, il s’agit des tutrices et tuteurs Répare, pour « Raccrochage des étudiants par les étudiants ».

 

L’ambition est double : apporter une aide de premier niveau, sous forme d’échange et d’orientation vers les services adéquats, mais aussi, de façon plus poussée, un accompagnement pédagogique. Ce dispositif Répare permet de plus de pallier, grâce à ces emplois rémunérés, les difficultés économiques auxquelles font face un nombre croissant d’étudiants.

 

« Les étudiants embauchés sont en année supérieure de celles des étudiants encadrés. On veille bien à ce que la mission ne vienne pas fragiliser leur parcours d’études », précise Pascale Bergmann.

 

L’annonce du dispositif étant tombée juste avant les vacances de Noël, plusieurs services (Institut de développement et d'innovation pédagogiques, Espace avenir, Service de santé universitaire) ont travaillé d’arrache-pied pour élaborer les documents et les dispositifs (guide du tuteur, forum Répare, formation des tuteurs), qui facilitent le lancement de la mission dès aujourd'hui. La première séance de formation était organisée cette semaine, pour la centaine de tutrices et tuteurs déjà recrutés par huit premières composantes.

 

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