Communauté universitaire réunifiée
Mais pourquoi avoir voulu fusionner, peut-on se demander, l’idée n’étant pas à l’époque soutenue au niveau national ? « Pour créer une communauté universitaire réunifiée, en renouant avec la tradition universitaire pluridisciplinaire, héritée de l’université humaniste rhénane et des principes de von Humboldt, défend Alain Beretz, premier président de cette université « réunifiée ». On surmontait ainsi l’inconvénient de la réforme de 1968 (loi Faure), qui avait « parcellisé » les anciennes universités en sous-ensembles disciplinaires. »
« En regroupant les trois universités, on tire profit de la pluridisciplinarité, voire omnidisciplinarité, du site strasbourgeois », complète Bernard Carrière.
Surtout, poursuit-il, la (re)création de l'Université de Strasbourg répondait pour nous à la nécessité « d’anticiper plutôt que subir des évolutions inéluctables, pour faire face aux défis notamment de visibilité et de concurrence internationales ».
Difficultés, heurts, frilosité…
Strasbourg n’a aucun modèle auquel se référer, la fusion étant une première au niveau national. Rétrospectivement, la tâche à accomplir paraît immense - et elle l’était. « Nous nous sommes appuyés sur ce que permettaient les textes existants, pour constituer une nouvelle université », tempère Alain Beretz. Une fois actée la création de l’Université de Strasbourg par décret (août 2008), ses statuts sont adoptés et son premier budget de transition voté, en fin d’année 2008. Le « passage de témoin » fondateur a lieu en janvier 2009, avec la dissolution des trois anciennes universités.
Pour autant, le processus n’a rien eu du long fleuve tranquille : difficultés, heurts, frilosité, déstabilisations… se sont manifestés tout au long du processus. « Jusqu’au dernier moment, il y a eu des tentatives de blocage », se souvient Alain Beretz, qui évoque un « passage en force » lors de la dernière assemblée générale. « On marchait sur des œufs. En même temps, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, pour filer la métaphore ! »