Université

« Une année charnière pour la réforme des études de santé »

Créée officiellement au 1er septembre 2020, la nouvelle « Faculté de médecine, maïeutique et sciences de la santé » résulte de deux réformes, d’universitarisation et de refonte des cursus. « Beaucoup reste encore à faire », avertissent Samuel Bitsch et Cléophé de Turckheim, ses responsables administratifs1.

« 2021, année charnière pour la réforme des études de santé »

En plus des étudiants se destinant à une carrière médicale, votre faculté compte désormais dans ses effectifs ceux des formations paramédicales. De quel mouvement cela résulte ?

Cléophé de Turckheim : L’universitarisation, c’est-à-dire le rapprochement de toutes les formations aux métiers médicaux et paramédicaux dans un même creuset, sous l’égide de la Faculté de médecine, a débuté il y a une dizaine d’années2. Cela a permis le temps de la réflexion et du dialogue, pour créer l’adhésion. A Strasbourg, le processus s’est accéléré en 2018 : en plus des étudiants en orthophonie et orthoptie, déjà intégrés dans nos effectifs, tous les élèves infirmiers sont inscrits chez nous depuis la rentrée 2018. Ce mouvement concerne 21 écoles et instituts, selon des modalités différentes.

Samuel Bitsch : Cela vise à la fois la montée en compétence des formations, et l’accès aux étudiants aux mêmes droits. Concrètement, l’intégration est soit organique (complète), soit fonctionnelle (les écoles gardent leur personnalité juridique, comme les kinésithérapeutes et les infirmiers) : ainsi, l’école de sages-femmes a fait le choix de l’intégration organique depuis le 1er septembre… tout en restant dans ses locaux du CMCO ! Pour les radiothérapeutes, ce sera probablement l’inverse : ils devraient être intégrés dans nos locaux mais leur école gardera son existence juridique.

C. d. T : Et ce n’est pas encore terminé…

C’est-à-dire ?

C. d. T. : Il reste encore à intégrer les ergothérapeutes, les psychomotriciens et les audioprothésistes, ainsi que la puériculture. Et il est encore question d’ouvrir une antenne de l’école de pédicure-podologue.

S. B. : Notre faculté se complexifie d’autant… En parallèle, nous menons le chantier de la réforme des études de santé, débutée elle aussi en 2018. Avec l’ambition de diversifier le profil des étudiants, en les sélectionnant davantage sur leurs compétences. Pour le 1er cycle et l’abandon de la Première année commune aux études de santé (Paces), Strasbourg a fait un choix original avec sa licence Sciences pour la santé (SPS).

C. d. T. : La première promotion a fait sa rentrée en septembre. Il faut désormais penser à l’organisation du jury et des épreuves spécifiques pour la fin d’année, avec une grande place à l’oral. Ce sera ensuite le tour des 2es et 3es années de cette licence. Cette année, nous devons aussi renouer avec la réforme du 2e cycle, qui entrera en vigueur en septembre prochain. Les Épreuves classantes nationales (ECN), en fin de 6e année, seront modifiées et complétées par des mises en situations cliniques, pour prendre davantage en compte l’attitude du futur professionnel de santé. Enfin, n’oublions pas la réforme du 3e cycle, qui a débuté en 2017 et qui n’est pas encore totalement achevée !

S. B. : Face à cette montagne de réformes, cette année 2020-2021 est cruciale.

Cela fait deux grosses réformes menées tambour-battant, en deux ans. Comment cela s’est-il passé ?

S. B. : Nous avons la chance de travailler dans un climat de confiance, avec des médecins respectueux des prérogatives de chacun. La chance aussi de former un binôme très complémentaire, avec Cléophé. La réforme des études de santé a mis beaucoup de partenaires autour de la table, dont nos partenaires « naturels » que sont les facultés de pharmacie et de chirurgie dentaire, et les dix autres facultés des parcours. La volonté de chacun de faire avancer le dossier a considérablement facilité les choses. Nous avons eu les bons interlocuteurs au bon moment. A commencer par les vice-présidents Benoît Tock et François Gauer, ainsi que les DGS adjoints Geoffroy Steegman et Christophe de Casteljau, pour la gouvernance de l’Unistra. Nous avons aussi des collègues administratifs plus qu’impliqués dans la scolarité et les examens. Une grande force pour mener cela de front.

Des moyens supplémentaires vous ont-ils été alloués ?

S. B. : Plusieurs postes ont été créés (gestion de scolarité, ingénierie pédagogique), grâce notamment à des financements de l’État et de partenaires de plus en plus présents à nos côtés, la Région et l’Agence régionale de santé (ARS).

Quel impact a la crise sanitaire sur votre activité ?

S. B. : D’abord un impact sur notre vie institutionnelle, les élections conditionnant la validation de notre nouvelle organisation n’ont pu se tenir (voir encadré Repères). Nous sommes donc toujours en phase transitoire.

C. d. T. : Entre l’organisation du concours de la Paces au Wacken et des ECN en juillet, selon un protocole sanitaire strict, on commence à être rodés ! Plus sérieusement, face au risque de fraude et la nécessaire équité de traitement, nous sommes en pleine organisation des examens pour la licence 1 SPS en présentiel. En parallèle, tous les cours magistraux sont délivrés en ligne. Nous n’avons que peu de Travaux pratiques (TP) : les TP des étudiants en médecine, ce sont principalement leurs stages en cabinet et à l’hôpital !

D’autres dossiers à suivre ?

S. B. : L’ouverture du Centre de recherche en biomédecine de Strasbourg (CRBS) a généré d’importants mouvements de laboratoires. Une bonne entrée en matière pour penser l’emménagement dans notre futur nouveau bâtiment, à l’horizon 2027.

Propos recueillis par Elsa Collobert

1 Samuel Bitsch est responsable administratif, Cléophé de Turckheim est responsable administrative adjointe
2 Le mouvement d’universitarisation des formations touche le secteur de la santé, mais aussi du social, de l’éducation

Le chiffre

Information importante

10 700 Nombre d’étudiants inscrits en 2019-2020. Ce qui en fait la plus importante faculté, en termes d’effectifs, (et de loin) de l’Université de Strasbourg. A noter que ce nombre peut varier en fonction des groupes pris en compte ou non (thésards hors-internat, paramédicaux, etc.).

Faculté de médecine, maïeutique et sciences de la santé : carte d’identité et signes particuliers

Informations d'inscription

  •  Plus de 600 personnels permanents dont :

- 299 Biatss
- 401 enseignants
- 296 maîtres de stages universitaires (médecins généralistes répartis sur tout le territoire alsacien)

La majorité du personnel enseignant de la faculté est placée sous la double tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri) et du ministère des Solidarités et de la Santé.

  • Organisation des études en trois cycles de trois ans (1er cycle – externat – internat), hors du système LMD. La gestion des doctorants (internes de 3e cycle) n’est pas déléguée à une école doctorale, mais est assurée par la faculté.
  • Les dix départements de la Faculté de médecine, maïeutique et sciences de la santé (en italique, les nouveaux départements) :

- Médecine générale et de formation territoriale
- Pédagogie des sciences de la santé
- Formation permanente
- Histoire des sciences de la vie et de la santé
- Éthique, déontologie et qualité de vie au travail
- Maïeutique (sages-femmes)
- Sciences infirmières
- Sciences médico-techniques et rééducation
- Pharmacologie, addictologie, toxicologie et thérapeutique
- Environnement et développement durable

Repères

Bon à savoir

2021 Vote des statuts et du règlement intérieur, une fois les nouveaux conseils élus. Dans l’intervalle, Jean Sibilia est nommé administrateur provisoire et le mandat des conseils élus est prolongé.

1er septembre 2020 Création officielle de la Faculté de médecine, maïeutique et sciences de la santé, après dissolution de l’ancienne faculté.

4 novembre 2019 Publication du décret détaillant les modalités de la réforme des études de santé.

Septembre 2018 Plan gouvernemental « Ma santé 2022, un engagement collectif » ouvrant la voie à la réforme des études de santé.

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