Université

Les livres sont leurs amis

Samuel Daragon, magasinier de bibliothèque au Portique, et Marc Estival, magasinier principal de bibliothèque à L’Alinéa, nous décrivent leur métier et leur passion. Entre accueil des utilisateurs, gestion du magasin, acquisition et « équipement » des ouvrages… Rencontre avec deux amoureux des livres.

Le 13 mars dernier, veille du premier confinement, Marc Estival, magasinier principal de bibliothèque à L’Alinéa, raconte que, dans sa bibliothèque, 1 700 prêts d’ouvrages ont été effectués. C’est nettement plus que les 150 à 200 prêts quotidiens habituels, mais c’est surtout révélateur, selon lui, d’une tendance toujours très forte : « Le livre n’a pas perdu la bataille ». Pas encore ?

Comment décrire le métier de magasinier de bibliothèque ?

« Je passe environ un tiers de mon temps en service public, explique Marc Estival. C’est-à-dire que j’aide les étudiants dans leur recherche documentaire ou dans la gestion de leurs impressions. » Dans ce cadre, le bibliothécaire assure l’accueil, au rez-de-chaussée, de L’Alinéa pour les opérations de prêts ou de retour des ouvrages. « C’est le côté "bibliothèque à l’ancienne" », explique Marc Estival. Quand il est dans les salles de travail, il exerce une fonction plus pédagogique : aider les étudiants à repérer les livres dans les rayonnages, à partir de la fameuse classification décimale de Dewey (100 pour philosophie, 200 pour religion et ainsi de suite…).

Le reste de son temps, Marc Estival intervient comme responsable du fonds d’acquisition en philosophie, audiovisuel, cinéma et religion de la bibliothèque. A partir des suggestions des enseignants et des carnets pédagogiques des différentes facultés, il vérifie que les ouvrages demandés sont disponibles dans les collections de la bibliothèque, sans quoi il les commande auprès des éditeurs. Dès lors qu’ils sont réceptionnés, les ouvrages sont « équipés » : code barre, étiquette code, antivol et intégration au Système universitaire de documentation (le Sudoc), ainsi qu’au système d’intégration d’exploitation interne de l’Unistra.

Samuel Daragon, magasinier de bibliothèque au Portique, complète : « En plus de ces fonctions, je suis également chargé de la gestion du planning de l’équipe et de l’encadrement des moniteurs étudiants, deux vacataires qui nous aident à ranger les livres en retour, à orienter les usagers et, quelquefois, à faire de l’accueil. » Il est par ailleurs responsable des magasins, où sont rangés les livres anciens (certains datent de 1632, quand même… !) ou obsolètes et néanmoins empruntables. Il doit notamment vérifier la bonne qualité de conservation du lieu : température et hygrométrie.

Comment devient-on bibliothécaire à l’université ?

« Par hasard, répond Samuel Daragon. J’étais graphiste à Montpellier et j’ai répondu à une annonce pour un poste de bibliothécaire à l’IUFM de la ville. » Ensuite, il candidate pour un autre poste à l’IUFM de Colmar, avant d’intégrer le Portique, en 2014. « Même si la lecture est venue assez tardivement, j’ai plus de goût pour les livres papiers qu’électroniques, témoigne-t-il. Je ne pourrais pas me passer de tous ces livres autour de moi. » « Les livres sont mes amis, reconnait pour sa part Marc Estival. J’ai toujours été lecteur. » Après deux années d’objection de conscience passées sur le projet de création de la bibliothèque U2-U3 (futur Alinéa), l’ancien étudiant en philosophie rejoint la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU), avant de retrouver L’Alinéa, en 2007.

Que pensent-ils de la numérisation du livre ?

« En règle générale, les étudiants demandent plus facilement des livres papier, constate Samuel Daragon. Quand le livre papier n’est pas là, mais qu’il est disponible en ligne, souvent ils préfèrent attendre. Je pense que le livre papier a encore de belles heures devant lui. Peut-être parce que l’apprentissage se fait plus facilement à partir du papier. » « La vague numérique est là, mais elle n’est pas encore exploitée à fond, remarque quant à lui Marc Estival, même si la génération 2000 fait de plus en plus appel à la dématérialisation. »

Et au fait, les livres sont-ils respectés ?

« Oui, se félicite Samuel Daragon. Ce qui n’empêche pas ici ou là, des gribouillages sur le texte, des pages déchirées ou maculées de café… Mais c’est très rare. En général, les livres sont respectés. »

Jean de Miscault

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