Focus

Pôle API : les coulisses de la gestion de crise

Suite à la mise en évidence d’un cluster Covid-19 au pôle API à Illkirch, les composantes de formation1 du site ont été fermées du 14 au 28 septembre. La réouverture est intervenue après l’organisation d’un vaste dépistage, les 20 et 21 septembre, qui a concerné 800 étudiants. Récit à quatre voix de cet épisode de crise sanitaire, désormais clos, et de sa gestion.

Phase 1 : découverte du cluster et fermeture du site

Nathalie Hirsch, responsable administrative de Télécom physique Strasbourg
« Tout commence le week-end du 12-13 septembre. Lors de la journée de rentrée, le jeudi précédent, nous avions largement communiqué sur la mise en place d’une procédure d’alerte interne à l’école pour les étudiants qui seraient testés positifs à la Covid-19. Dans le temps du week-end, nous avons reçu 45 déclarations et nous avons compris qu’un cluster était en train de se former. »

Aude Rochoux, directrice du Service de santé universitaire (SSU)
« Nous étions en alerte, vu les messages du week-end. Nous avons contacté rapidement l’Agence régionale de santé (ARS). Ensuite, tout est allé très vite, ce qui est une bonne chose : l’ARS a décidé de fermer le pôle API et sollicité la préfecture pour qu’elle prenne l’arrêté préfectoral en conséquence. La fermeture ultra-rapide du site a été un élément positif pour stopper la propagation du virus. A la fin de la semaine, il y avait 145 cas positifs, des étudiants contaminés avant la fermeture. »

Geoffroy Steegmann, Directeur général des services adjoint
« Suite aux messages de Nathalie Hirsch et de Christophe Collet (directeur de TPS), la cellule d’urgence Covid-192 s’est réunie dès lundi matin, tôt, pour partager les informations, échanger et décider collectivement de la mise en musique de la décision de fermeture du site, prise par l’ARS. Fallait-il bien fermer la bibliothèque, mais laisser les unités de recherche ouvertes, demander aux Biatss qui le pouvaient de se mettre en télétravail, fermer tous les lieux de convivialité sur l’ensemble du campus d’Illkirch… Puis, il a fallu communiquer la bonne décision au bon groupe de personnes, sans faire d’oubli et rapidement ! »

Jérôme Castle, directeur de cabinet du président
« A la sortie de la réunion de la cellule d’urgence, nous avons mis en place, comme de coutume dans les crises, des points de situation avec la préfecture, le rectorat de Strasbourg, la rectrice déléguée à l’enseignement supérieur et à la recherche (basée à Nancy), etc. Nous avons également fait le lien avec l’équipe des vice-présidents, qui ne peuvent tous et toujours assister à la cellule d’urgence. Or, il est important qu’ils soient bien informés et participent à la diffusion d’informations et de messages cohérents. »

Nathalie Hirsch, responsable administrative de Télécom physique Strasbourg
« L’organisation des cours en distanciel a été facile car nous étions prêts pour cela. Le plus compliqué dans les tous premiers jours a été de répondre à l’avalanche de mails des étudiants qui nous posaient toutes sortes de questions à la fois de santé et d’organisation des études. Dans le même temps, nous organisions la mise en place des tests de dépistage, en vue de la réouverture des locaux, en concertation avec le SSU et l’ARS. »

Phase deux : les tests de dépistage

Nathalie Hirsch, responsable administrative de Télécom physique Strasbourg
« Une campagne de tests à grande échelle a été organisée avec l’ARS, la Croix-Rouge et le soutien des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, dimanche 20 et lundi 21 septembre. Les tests étaient obligatoires pour les 800 étudiants et devaient impérativement se dérouler sur le site, ce qui a nécessité une logistique lourde. »

Geoffroy Steegmann, Directeur général des services adjoint
« Les collègues sur le terrain ont fait un travail remarquable, sous la coordination de Nathalie Hirsch. Les composantes concernées ont convoqué individuellement tous les étudiants, à raison d’une vingtaine par quart d’heure. 90 % ont participé à la campagne de tests, bien qu’une partie se soit déroulée un dimanche. »

Aude Rochoux, directrice du SSU
« La campagne de tests n’a mis en évidence que 36 cas supplémentaires, ce qui a permis de rouvrir le pôle API le lundi 28 septembre, en respectant le délai de sept jours d’isolement. La reprise a été assortie de consignes sanitaires renforcées et d’un appel à être plus responsable dans les contacts privés. En discutant avec les étudiants pendant les tests, on a vu qu’ils avaient compris les risques. »

Jérôme Castle, directeur de cabinet du président
« On peut dire que pour un événement qui a démarré un week-end, il a été pris en charge avec une très grande réactivité et beaucoup d’efficacité. La situation a été très bien gérée par les composantes sur le terrain et on peut aussi souligner la qualité de la collaboration avec l’ARS, y compris en termes de communication puisque nous avons publié un communiqué de presse commun et accueilli les journalistes de manière coordonnée pendant les tests. »

Nathalie Hirsch, responsable administrative de Télécom physique Strasbourg
« Avec l’aide du Département des achats et marchés de l’université, nous avons organisé la désinfection des locaux avant la réouverture, en passant un virucide sur le mobilier. Le pôle API a rouvert lundi 28 septembre. Une partie des enseignements est restée organisée en distanciel pour les étudiants qui sont encore en isolement ou malades. Fin de la crise ! »

Propos recueillis par Caroline Laplane

1 Télécom physique Strasbourg, École supérieure de biotechnologie de Strasbourg, masters de l’UFR Math-Info, masters de la Faculté de physique et ingénierie
2 Composition de la cellule d’urgence Covid-19 : l’équipe de présidence (deux vice-présidents), la Direction générale des services, le cabinet de la présidence, le Service de la communication, le Service de santé universitaire et le Service de santé au travail, le Service prévention, sécurité, environnement

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