Université

Des modalités d’examen remaniées

Adapter les modalités d’examen au confinement a été l’un des grands défis de cette crise. Explications du pourquoi et du comment.

Le 16 mars, toute l’université s’est retrouvée confinée. Très vite, il est apparu comme une évidence que le confinement durerait plus que deux semaines et par conséquent, qu’il impacterait sérieusement le second semestre, aussi bien les enseignements que les examens – « avec l’avantage que, pour les premiers, 75 % de l’année avait déjà été réalisée, souligne François Gauer, vice-président Transformation numérique et innovations pédagogiques. A ce moment-là, nous ne pensions toutefois pas encore que les examens en présentiel devraient être complètement abandonnés. Mais dès le début du confinement, nous avons néanmoins invité les composantes à privilégier les évaluations à distance, avec une ligne de conduite : tout ce qui peut être adapté et donc réalisé pendant le confinement sera fait et ne sera plus à faire ».

Début avril, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, annonce qu’il n’y aura pas de retour des étudiants dans les universités avant le 20 juin. « A partir de là, nous avons renoncé à faire passer des examens en présentiel. » Seuls les concours, Paces (Première année commune aux études de santé) et ECN (Épreuves classantes nationales), qui ne peuvent être organisés à distance pour des raisons d’équité, ont été maintenus en présentiel et décalés après le 20 juin.

Un mot d’ordre : s’adapter

Un repositionnement finalement bien accepté par les directeurs de composantes. « Le fait de décider que tous les examens se dérouleraient à distance a eu le mérite de donner un objectif clair à tous : adapter les Modalités d’évaluation des connaissances et compétences (MECC) à cette situation ».

Pour autant, une fois cette décision prise, l’organisation ne va pas sans difficultés, tant pour les étudiants que pour les enseignants. « Quelle légitimité pour une évaluation à distance, avec des élèves disposant de matériel informatique et de connexions de qualité disparates, d’autres avec qui l’on a perdu le contact au fil du confinement ? », s’interrogent ainsi plusieurs enseignants lors d’un stammtisch en ligne organisé par l’Institut de développement et d’innovation pédagogiques (Idip), le 28 avril. « Nous sommes conscients de ces difficultés », argue François Gauer, qui tient au passage à « tirer [son] chapeau à l’Idip et à la Direction du numérique (DNum). Ils ont fait tout ce qu’ils ont pu dans un délai court pour adapter les outils numériques (mise en place de Moodle examens, sécurisation de l’infrastructure dédiée aux examens), aider et former les enseignants à leur utilisation via des webinaires, tutoriels, groupes de travail… »

L’une des réponses de l’université a aussi été de mettre à disposition ordinateurs et clés de connexion aux étudiants concernés, par le biais de la DNum et de la fondation. « Un succès, même si nous n’avons pas réussi à les toucher tous. C’est regrettable, mais rappelons que les étudiants décrocheurs existent, que les examens soient présentiels ou distanciels. »

Entraînement au 100 m

La question se pose également de l’environnement de composition de l’étudiant lors d’un examen distanciel : cours à portée de main, accès à Internet… Autant d’éléments pouvant difficilement être maîtrisés par l’enseignant. Pour compenser, la nature de l’évaluation doit en tenir compte, en permettant d’évaluer plutôt le niveau de raisonnement, de maîtrise, de compétence de l’étudiant, sans perdre de vue que l’évaluation ne doit jamais être une sanction, mais plutôt la reconnaissance de l’investissement de l’étudiant dans ses études. Basile Sauvage, maître de conférences en informatique, ne dit pas autre chose : « J’ai changé ma perspective : plutôt que leur demander s’ils savent courir le 100 mètres, je vais vérifier qu’ils se sont bien entraînés. Donc, évaluer le travail fourni plutôt que le résultat final ».

Parmi les alternatives trouvées par les enseignants : transformer les stages en rendus de dossiers, proposer des travaux à mener en groupe avec une auto-évaluation a priori de chacun, pour que les contributions ne soient pas déséquilibrées… Un temps évoquée par certains, une validation automatique de l’année n’a pas été retenue, car elle mettrait en péril la valeur du diplôme. Autre possibilité : prendre en compte les notes de contrôle continu de l’année. Mais dans certaines filières, leur nombre est trop faible pour pouvoir calculer une moyenne de second semestre.

De nature à rassurer les enseignants, le règlement des examens prévoit qu’une épreuve de substitution adaptée peut être proposée à un étudiant absent à un examen pour une raison justifiée. Cette clause s’appliquera aux examens distanciels. Dans les filières qui prévoient cette modalité, ils comptent aussi sur l’organisation des sessions de rattrapage, en juin ou même plus tard.

Dans ce contexte inédit, certains ont même trouvé moyen d’améliorer leurs pratiques : « Je me suis rendu compte que proposer avant l’examen à distance une ou deux sessions blanches, ainsi que des exercices de respiration, calmait beaucoup le stress des étudiants, explique par exemple Catherine Vonthron, de la Faculté de pharmacie. C’est quelque chose que je compte garder dans ma pratique pour la suite ! »

Caroline Laplane et Elsa Collobert

Information importante

Un cadre assoupli

S’adaptant aux nouvelles MECC, l’université a mis en place une organisation souple et réactive. Les composantes peuvent déposer quand elles veulent leurs propositions d’adaptation des MECC. Un délai d’une semaine leur est garanti pour les faire adopter : instruction par la Direction des études et de la scolarité, et par une commission de suivi mise en place par la Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU) avec la participation notamment des élus étudiants, et vote électronique de cette dernière. « Ces six dernières semaines, il y a eu une CFVU par semaine au lieu d’une par mois habituellement », précise François Gauer.

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