Focus

Un esprit de fraternité

Nous commémorons ce 22 novembre les 80 ans de l’arrivée de l’Université de Strasbourg à Clermont-Ferrand. Cet exil académique est un événement majeur dans l’histoire de notre université. Pendant deux ans nous fûmes hôtes, accueillis, dans une terre non encore occupée. Puis, en novembre 1942, les nazis mettent fin à la zone libre. Désormais, il n’y a plus de différence entre Clermontois et Strasbourgeois. Nos hôtes devinrent eux aussi des sujets sous haute surveillance nazie. Et un an après, ce fut la rafle qui fit des victimes parmi les étudiants et les professeurs. Un même destin et un même sang. Au-delà des commémorations, indispensables, retenons de notre exil en Auvergne quelques leçons. D’abord, qu’une université doit toujours être un lieu où ceux qui sont exilés pour leur science, leurs convictions ou leur engagement doivent trouver un accueil. Ensuite, que les combats qui firent prendre le chemin de la résistance à nombre de nos anciens ne sont pas finis. N’ai-je pas dû, par deux fois déjà cette année, dénoncer l’antisémitisme toujours pas mort ? Enfin, que la liberté académique est le socle sur lequel se construit l’université et par-delà, la constitution des savoirs au-dessus des frontières et des idéologies. Ce que nous avons rapporté d’Auvergne, c’est un esprit de fraternité que nous nous devons de faire souffler plus et mieux. Quand les étudiants s’inquiètent de leur avenir, sur fond de précarité, quand les enseignants-chercheurs, comme c’est le cas pour certains des nôtres, sont inquiétés dans leurs pays, voire emprisonnés. Nous avons su être généreux en accueillant autant que possible des étudiants réfugiés. Nous avons inventé l’asile académique pour Pinar Selek lorsqu’elle fut inquiétée par la justice de son pays. Nous avons été accueillis alors que nous étions en exil. Nous serons redevables en acte, de rendre cet accueil concret ici et maintenant.  

Michel Deneken,
président de l'Université de Strasbourg

Egalité et parité en têtes d’a... Changer d'article