Focus

Dix ans après : pas d’Unistraxit…

Ce premier numéro de L’Actu marque la onzième rentrée de l’Université de Strasbourg née de la fusion des trois universités Louis-Pasteur, Marc-Bloch et Robert-Schuman. Le site universitaire strasbourgeois a donc été pionnier, suivi très vite par d’autres universités telles qu’Aix-Marseille, Lorraine université ou Bordeaux. Après dix ans, nous souvenons-nous encore de nos appartenances d’origine ? Déjà celles et ceux, étudiants, Biatss, enseignants-chercheurs, arrivés parmi nous depuis dix ans, n’ont connu que l’université unique. Mais pour ceux qui étaient là avant la fusion, malgré tout ce qui devrait être mieux, amélioré, etc., la somme des avantages n’est-elle pas, finalement, supérieure à celle des inconvénients ? Par-delà les critiques légitimes et nécessaires, les désaccords, il n’en reste pas moins que dans les débats que nous avons, les tensions qui apparaissent, voire les crises qu’il nous faut gérer, jamais on n’entend dire que pour telle composante, unité de recherche ou tel service, la sortie de l’Unistra serait la solution. Un référendum sur l’Unistraxit n’aurait pas de majorité en cas de vote. Une sortie de l’Unistra n’apparaît dans aucune contribution à la consultation Cap 2030 que nous conduisons. Pourquoi ? Si l’on compare avec la question du Brexit et de sa gestion politique, nous pouvons tirer quelques enseignements, en creux, sur l’aventure de l’Unistra qui se poursuit. Qui veut faire Brexit ? Ceux qui, hors des centres financiers et culturels se sentent délaissés, méprisés, sans reconnaissance. Ceux qui considèrent qu’il n’y a pas de redistribution ni d’équité entre les centres riches et les périphéries en déshérence. Ceux qui pensent que sauver son identité pour ne pas perdre son âme consiste à se fermer aux autres et se lover sur soi-même. À l’inverse, pour que jamais l’idée d’un Unistraxit vienne effleurer l’une ou l’autre d’entre nous, il nous faut rester vigilants et renforcer les intuitions fondatrices de l’Unistra. C’est construire un grand établissement en respectant encore mieux la personnalité et la spécificité de chacune de ses composantes, facultés, écoles, instituts, unités de recherche, par le dialogue et la subsidiarité. C’est inclure toujours plus souvent le plus grand nombre d’acteurs, responsables ou usagers, dans les processus de décision. C’est accompagner les initiatives quand elles viennent du terrain et visent à faire avancer la formation et la recherche au service de la formation des étudiants. La mise en œuvre des futurs Instituts thématiques interdisciplinaires (ITI) nous donnera l’occasion de mettre en œuvre cet esprit Unistra, qui reste pionnière.

Michel Deneken,
président de l'Université de Strasbourg

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