C’est décidément la saison des centenaires ! Le 17 juin, au tour de l’équipe de l’Institut international d’études françaises (IIEF) de fêter les 100 ans de cette institution d’enseignement de la langue de Molière. Liliane Koecher, sa directrice, nous parle de ces célébrations et des évolutions qu’a connues l’établissement ces dernières années.
Lors de votre dernière rencontre avec L’Actu, en avril 2016, le centenaire de l’IIEF était évoqué. Depuis, tout s’est accéléré…
Nous avons déjà commencé à célébrer le centenaire, lors de notre traditionnelle fête de fin d’année avec nos étudiants. Celle-ci s’est déroulée le 17 mai, soit pile un mois avant le temps fort des festivités. 150 à 200 personnes sont attendues, le 17 juin, dans nos locaux : anciens directeurs et élèves, certains de nos étudiants actuels, personnels… Ça promet d’être une belle fête !
Quel est le programme ?
Une exposition sera présentée, avec d’anciennes photos que nous avons retrouvées. L’Orchestre universitaire sera présent, et la soirée se poursuivra avec un concert rock.
Tout comme le 17 mai, l’un des moments forts sera la projection des films des étudiants. Ils les ont réalisés cette année, autour justement de la thématique des 100 ans. C’est une fierté pour eux de montrer le résultat de leur travail et de recueillir les réactions du public : c’est un peu leur festival de Cannes à eux !
Je propose cette option, « Réaliser un film », depuis de nombreuses années. Dans notre catalogue, on en trouve une cinquantaine ! Une large place y est faite à l’art sous toutes ses formes pour approcher le français : « Vocabulaire des émotions via le cinéma français », « Le français par le théâtre », « Œuvres littéraires et adaptation au cinéma », « Grands mouvements artistiques », « Histoire du film documentaire », « Jeu vidéo »… Mais aussi « Légendes et mystères en France », « Gastronomie », « Langues de la rue », « Histoire de la Révolution », « Institutions françaises et européennes »…
En quoi est-ce important de faire réaliser un film à vos étudiants ?
Cela fait partie de la pédagogie « actionnelle » : en s’investissant dans une tâche, en l’occurrence la réalisation de A à Z d’un film (écriture du scénario, tournage, montage), on apprend sans même s’en rendre compte ! Les étudiants, qui sont le plus souvent de nationalité différente, parlent entre eux, échangent en français avec notre assistant-ingénieur audiovisuel. Ils progressent aussi car ils sont de niveaux différents, en langue mais aussi en technique. La plupart partent de zéro. Je suis toujours bluffée par le résultat !
Cette année encore, les traitements du sujet des 100 ans de l’IIEF sont très variés : certains ont montré le temps qui passent, d’autres ont imaginé un futur 100 % numérique pour l’institut, d’autres encore une histoire d’amour née entre nos murs…
En 100 ans, il s’en est passé des choses…
Sans remonter aussi loin, nous avons déménagé du Palais U en 2001. On n’a pas perdu au change, puisqu’être réunis sur un seul étage nous offre un confort de travail sans précédent. On a des salles bien aménagées et équipées en tableaux blancs interactifs. En rejoignant le Pangloss, on s’intègre aussi dans un bâtiment dédié aux langues bien identifié.
Ces dernières années, notre public a évolué : de moins en moins de débutants (A1, A2), plutôt des niveaux intermédiaires (B1, B2) et avancés (C1 et C2).
Les stages se développent (Université franco-azerbaïdjanaise, QMat), de plus en plus pour des publics extérieurs (élèves singapouriens, Center College américain).
Enfin, signalons un accroissement souhaité et bienvenu de nos collaborations avec d’autres services de l’université, comme la Direction des relations internationales et la Maison universitaire internationale.
Avec cette dernière, vous travaillez étroitement à l’accueil des étudiants réfugiés. Un « gros dossier » ces dernières années, pour vous ?
Nous avons travaillé ensemble à l’élaboration du nouveau DU Relier (pour Retour aux études par la langue et l'intégration des étudiants réfugiés). Pour les étudiants réfugiés, auxquels l’Université de Strasbourg a ouvert les bras dès 2015 (avec notamment l’exonération des droits d’inscription), il ouvre le droit aux prestations comme les bourses et le logement. Cela va nous permettre de travailler avec cette population fragile de façon plus sereine.
Recueilli par Elsa Collobert