Les 17 et 18 mai, dans le cadre des manifestations marquant les 10 ans de notre université, nous accueillons l’assemblée des recteurs de la Ligue européenne des universités de recherche, la LERU. Actuellement présidée par Jean Chambaz, président de l'Université Paris-Sorbonne, la LERU est une association de 23 universités européennes particulièrement orientées vers la recherche et la formation par et à la recherche. L’Université de Strasbourg en est l’un des membres fondateurs. L’objectif de ce réseau, créé en 2002, est d’influencer les politiques européennes en matière de recherche et de développer des bonnes pratiques par des échanges d’expériences entre les universités membres. La LERU publie régulièrement une variété d’analyses, de notes et de rapports sur des sujets à portée stratégique visant à apporter aux politiques, aux universitaires, aux chercheurs ainsi qu’aux partenaires du monde socio-économique, des recommandations d’actions concrètes. Cette ligue assume tout à fait sa vocation de lobbying auprès des instances européennes, afin de les rendre conscientes de l’enjeu déterminant que représentent l’enseignement supérieur et la recherche pour une Europe aujourd’hui traversée par beaucoup de courants identitaires, marquée par le court-termisme qui menace toute politique durable, hantée par les vieux démons populistes. Autant dire que l’enseignement supérieur et la recherche ont besoin d’être sans cesse rappelés aux bons souvenirs des politiques. Les pays de l’Union européenne se sont engagés, il y a vingt ans, à Lisbonne, à consacrer 3 % du PIB à l’enseignement supérieur et à la recherche. Des efforts incontestables ont été consentis notamment en France. Mais nous sommes loin du but ! Plus que jamais, la LERU sera cette mouche du coche européen qui, chahuté par le Brexit, ralenti par les ornières des égoïsmes nationaux, semble tiré par des chevaux fatigués. C’est dire si l’université d’une capitale européenne, siège du Parlement européen, constitue un lieu plus que symbolique pour redire l’importance cruciale de l’enseignement supérieur. L’assemblée des recteurs de la LERU ne manquera pas d’interpeler tous les candidats aux élections européennes car leurs programmes laissent trop peu de place à ce qui constitue rien moins qu’un enjeu de civilisation. Faut-il le redire : formation, recherche et innovation ne sont jamais des dépenses, mais des investissements. Il faut assurément plus d’Europe dans les universités. Mais il faut surtout plus d’université dans l’Europe !
Michel Deneken,
président de l'Université de Strasbourg