Cette année encore, le prix Louise-Weiss a inspiré les étudiants de l’Université de Strasbourg : ils ont été 394 à s’inscrire et 279 à soumettre un texte au jury, sur un thème, « Bleu », décliné pour la première fois en langues allemande et anglaise. Les prix ont été décernés jeudi 11 avril.
Après d’interminables journées plombées par le gris, la couleur du ciel était de circonstance, jeudi 11 avril : comme un clin d’œil aux étudiants récompensés ce jour-là pour leur « plume trempée à l’encre bleue des rêves », dixit Michel Deneken.
Azur du ciel, du plongeon dans une baignoire ou dans les yeux insondables d’un ami qui s’éloigne ; mais aussi de l’ivresse d’un amour naissant ou des traces de coups sur la peau… Dans les nouvelles des quatre gagnants, traversées de toutes ces nuances, on n’est parfois pas loin de la « blessure » du concours de 2017… blues oblige !
Comme les années précédentes, les 279 textes de cette 6e édition du prix Louise-Weiss1 ont été soumis à un jury, les seize sélectionnés étant départagés par les votes en ligne des étudiants.
« Camaïeu européen des langues »
« Le désir profond de se faire comprendre par l’autre. » C’est ce qui pousse à écrire, a poursuivi le président de l’Université de Strasbourg. Animé par la volonté de ne pas « exclure nos étudiants internationaux », a souligné Mathieu Schneider, vice-président Sciences en société et Culture de l’Unistra, le concours s’est ouvert aux langues allemande et anglaise, reflétant pour la première fois « le camaïeu européen des langues » cher à Michel Deneken. « C’est sûr, je ne me serais pas lancée en français ! » témoigne ainsi (en français) Camila Palomo, gagnante dans la catégorie anglais et de langue maternelle… espagnole !
Le drame de la traduction
Mais traduire, n’est-ce pas trahir ? C’est là tout le paradoxe de l’ouverture à la langue de l’autre pour le non-locuteur. Question qui a irrigué les échanges autour du prix cette année, à travers une table-ronde mais aussi les ateliers d’écriture délivrés par Claudia Rusch. La marraine de l’édition 2019, dont l’œuvre largement autobiographique s’inspire de sa jeunesse en ex-RDA, s’exprime en langue allemande et est traduite en français. Sa présence à Strasbourg a, cette année, été couplée à la résidence d’écriture « Écrire l’Europe »2. Quoi de plus logique que ce rapprochement pour deux projets pensés par-delà les frontières ? C’est dans un français quasi sans accent que Claudia Rusch s’est adressée aux étudiants présents, et à tous les participants au concours : « Chapeau pour votre audace ! Jamais à votre âge je n’aurais osé envoyer un texte à un jury. Vous méritez tout mon respect. »
Enfin, le prix Louise-Weiss, c’est aussi la possibilité offerte aux étudiants d’acquérir une précieuse expérience, comme pour ceux de l’Institut de traducteurs, d'interprètes et de relations internationales (Itiri) qui se sont attelés à la traduction des textes des lauréats, ou encore à ceux qui mettront la main au recueil des textes édités à l’automne par les Presses universitaires de Strasbourg (PUS).
Elsa Collobert
1 Proposé par la Faculté des lettres, avec la Faculté des langues, porté par le Service universitaire de l'action culturelle avec le soutien de la Fondation Presses universitaires de Strasbourg, des Bibliothèques de l'université, et l’appui de la librairie Kléber.
2 Porté par la Faculté des langues de l’Université de Strasbourg, en partenariat avec la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) et le soutien de l’Idex Université & Cité.