Mardi, le terrorisme a de nouveau frappé. Nous restons très fortement en pensée auprès des victimes et de leurs familles. Très vite, des affiches ont fleuri disant : « Je suis Strasbourg ». Après « Je suis Charlie » et « Je suis Nice », Strasbourg s’ajoute à la cartographie de la haine et rallonge la litanie des victimes. Elle fait désormais partie de ces « capitales de la douleur » pour reprendre la formule de Paul Éluard. Mais que veut dire pour nous « Je suis Strasbourg » ? C’est être cette université humaniste, rhénane, ouverte, plurielle, que Strasbourg a, par son histoire, suscité et qui, par son activité, rend attractive la cité de Gutenberg et la capitale de l’Europe. C’est être cette université qui accueille tant d’étudiants internationaux et qui, par-delà les frontières, fait vivre une recherche qui ne se laisse pas instrumentaliser et une réflexion qui ne se laisse mettre sous quelque boisseau idéologique que ce soit. C’est une université qui garantit à chacun la liberté de penser, de créer et de chercher. Mais, que cela plaise ou non, l’auteur du carnage est aussi « Strasbourg » ! Né dans notre ville, il y a grandi. C’est aussi ça, « être Strasbourg » : ne pas se cacher ce qui sourd dans nos quartiers et s’exprime dans des bouffées de violence. En évitant les pièges de l’angélisme et de l’esprit de vengeance, il nous faut à la fois assurer la sécurité maximale sur nos campus et garantir les conditions d’un débat approfondi sur ce que nous sommes et devons être. Ce terroriste est aussi notre douleur. Il est désormais hors d’état de nuire. Mais il n’est pas question que nous baissions la garde. Je félicite les directeurs de composantes, les chefs de service et tous les acteurs qui ont permis à notre université de traverser ces 48 heures d’angoisse au mieux. Cette sérénité que nourrissent le sens du service public et le professionnalisme des acteurs du campus constitue la meilleure réponse à la terreur. Avec les services de la préfecture et du rectorat, nous avons pu nous mobiliser pour assurer le maximum de sécurité à tous. Nous sommes plus que jamais vigilants : certes, le quotidien se trouve alourdi par les mesures de sécurité. Mais c’est le prix à payer pour rester libres d’être « Strasbourg ».
Michel Deneken,
président de l'Université de Strasbourg