Focus

Assumer l’histoire

Le 4 novembre, le président de la République française et le président fédéral d’Allemagne inauguraient, lors d’un concert à la cathédrale de Strasbourg, la semaine de commémoration du centenaire de l’Armistice du 11 novembre 1918. À l’occasion de ces commémorations, un retour sur l’histoire nous fait reconnaître que l’excellence avérée de l’Université de Strasbourg d’aujourd’hui doit beaucoup à la période allemande (1870-1918). C’est à cette époque, en effet, que les grands piliers de l’université d’aujourd’hui ont été posés, dans toutes les disciplines. Songeons que sur les dix-huit prix Nobel dont notre université s’enorgueillit, treize l’ont été quand l’université était allemande. Quel que soit le sentiment que l’on peut avoir quant à ce que fut l’annexion de l’Alsace-Lorraine par le Kayser, la simple honnêteté nous oblige à reconnaître que l’Université de Strasbourg fut un des grands projets, réussi, de l’époque allemande. Que les empereurs aient eu des arrière-pensées idéologiques, notamment de propagande, cela va de soi. Il n’empêche que les faits, et les résultats, sont là. Nous n’avons pas à rougir de cet héritage. Cent ans après, nous l’assumons parce que Strasbourg, redevenue française, a su maintenir jusqu’à aujourd’hui l’élan d’excellence initié par l’empire allemand. Regardant ce passé, nous voyons notre université plus que jamais européenne, au sein d’Eucor - Le Campus européen. Elle n’est plus française ou allemande. Elle hérite de cette double et féconde culture qu’elle ne cesse de développer. C’est à ce titre qu’elle est, par essence, européenne.

Michel Deneken,
président de l'Université de Strasbourg

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