Focus

60 ans d’enseignement du journalisme

Fille de la Guerre froide et première école de journalisme intégrée à l’université, le Centre universitaire d’enseignement du journalisme (Cuej) ne cesse de cultiver sa singularité. La célébration de ses 60 ans, en octobre, est émaillée d’événements, dans ses locaux et dans la ville.

Avec plus de 2 500 journalistes formés depuis sa création, en 1958, le Cuej ne pouvait qu’associer ses étudiants, anciens et actuels, à la célébration de son 60e anniversaire. « Nous avons souhaité au maximum éviter l’entre soi », explique Nicole Gauthier, directrice depuis 2009 de cette école à la fois ancrée dans son territoire et ouverte sur le monde. Au-delà de la soirée de gala, qui réunira le 20 octobre au Palais universitaire plus de 300 de ses diplômés exerçant en France et à l’étranger, en presse écrite, radio, télévision et multimédia, le Cuej a imaginé une programmation ouverte sur la cité. Des portes ouvertes, le même jour, ainsi qu’une exposition inédite à l’Aubette, permettent au public d’en découvrir davantage sur la formation du Cuej, historiquement la première formation publique reconnue par les professionnels des médias en France. Ces célébrations se poursuivront au-delà du point d’orgue du 20 octobre, puisqu’un livre, déjà publié, témoigne de la mémoire de l’histoire et de l’identité de l’école.

Une exposition*

« Générations info », c’est le titre de l’exposition présentée du 16 au 24 octobre, à l’Aubette. Articulée autour de quatre thématiques - la ville, le verre et l’assiette, les élections, les gens sur le territoire – celle-ci fait la part belle aux productions, audio, vidéos, textes et multimédia, des générations d’étudiants passés par les bancs du Cuej. Une place toute particulière est accordée à la présentation du parcours d’une vingtaine de diplômés ayant fait carrière « en presse quotidienne régionale, au niveau national ou à l’international ». À travers l’élaboration d’une vidéo « "making-of" des enseignements du Cuej, les étudiants actuels ont été mis à contribution ». Une bonne occasion pour l’équipe pédagogique de l’école de rappeler que si la société et les outils à disposition évoluent, les formes fondamentales de récit journalistique restent les mêmes. Débats autour du modèle économique de la presse ou menace des fake news, « au lieu de remettre en cause le travail des journalistes, ne font que nous pousser à en revenir à nos fondamentaux », estime Nicole Gauthier. Des fondamentaux que le Cuej contribue à diffuser au plus grand nombre, en témoigne la récente mise en place de modules  d’enseignement « Introduction au journalisme et aux médias ». Ouvertes aux étudiants à titre expérimental de langues, lettres et sciences humaines de l’Université de Strasbourg, le Cuej espère les destiner à terme à tous les étudiants de licence de l'université.

Des portes ouvertes

Le 20 octobre, le Cuej s’ouvre à tous ceux désireux de découvrir le fonctionnement d’une école de journalisme. « Là encore, nos étudiants ont été fortement associés, poursuit Nicole Gauthier. Ils seront chargés d’accueillir les visiteurs et de leur faire découvrir leur environnement d’études. » Rendez-vous de 10 h à 18 h, au 2e étage de l’Escarpe, 11 rue du Maréchal-Juin (Campus Esplanade).

Un livre

Né en pleine Guerre froide, de la volonté conjuguée de l’Unesco et de l’Université de Strasbourg, le Cuej se veut un épicentre du rayonnement de la démocratie et de la paix, dans une ville à la forte identité européenne. Pensé au départ comme centre de formation de formateurs en journalisme en provenance du monde entier, les premières licences en formation initiale n’y seront délivrées qu’en 1962. « Toute cette histoire n’était ni connue, ni documentée. » Charge est revenu à Alain Chanel, ancien directeur de l’école de 1989 à 2009, de fouiller les archives à la recherche des traces de ce brillant passé. Des diplômés ont également été associés pour retracer « l’aventure humaine » qu’ont constitué les six décennies d’existence du Cuej. Le résultat : un ouvrage collectif richement documenté et illustré, auto-édité par le Cuej à 2 000 exemplaires. On y trouve notamment un portefolio des délocalisations réalisées par chaque promotion en fin de dernière année : Vietnam en 2018, Madagascar en 2017, Canton (Chine) en 2016. Si la destination de la délocalisation 2019 n’est pas encore connue, l’ouvrage L’école du terrain, lui, est disponible aux portes ouvertes et sur le lieu de l’exposition au tarif préférentiel de 22 €.

Elsa Collobert et Frédéric Zinck

* Bénéficie du soutien de l'Initiative d'excellence, dans le cadre des Investissements d'avenir

« Étudiants du monde » Changer d'article  La physique, c’est fantastique...