À l’occasion de la rentrée, le président Michel Deneken se prête à l’exercice du bilan de l’année écoulée et esquisse les grandes perspectives de celle à venir…
Quels sont, pour vous, les événements marquants de l’année passée ?
Évidemment, c’est la mise en place de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) et de Parcoursup, remplaçant d’APB, qui a marqué l’année universitaire. D’une part parce que cela constitue un changement profond dans la manière de gérer l’arrivée des néo-bacheliers. D’autre part parce que la contestation de cette loi a provoqué un mouvement de protestation, qui a ralenti la vie de l’établissement, deux mois durant. Mais cette crise a été bien gérée, notamment grâce au professionnalisme des personnels de l’université.
L’année a été marquée aussi par l’évaluation par le Haut conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (HCERES) pour le contrat quinquennal de l’université (2018-2022), tant pour l’établissement que pour le site. Rappelons que nous sommes chef de file pour ce dernier. Nous avons signé le contrat du site Alsace le 3 juillet dernier.
Quels seront les grands projets de l’année universitaire à venir ?
Ils sont nombreux. Nous allons candidater à la fois à l’appel à projet « Grande université de recherche » et, à celui d’« Université européenne »1. Nous allons aussi devoir décliner la réforme de la licence, que chaque établissement peut mettre en œuvre de manière locale.
Dans les événements marquants, outre ceux qui ponctuent chaque année universitaire, à commencer par cette semaine de rentrée, notons qu’en 2019 nous marquerons le 10e anniversaire de la fusion des universités strasbourgeoises.
Les 17 et 18 mai 2019, nous accueillerons à Strasbourg l’assemblée des présidents des universités de la LERU (League of European Research Universities).
Pour les personnels Biatss, le télétravail sera progressivement mis en place. Une réflexion commence au sujet du travail dominical pour élargir l’amplitude horaire des bibliothèques, la mise en place de Siham2, qui représente pour l’ensemble des personnels un progrès dans le suivi des ressources humaines. Un enjeu vital pour une université dont les deux tiers du budget sont absorbés par la masse salariale.
Ajoutons que, comme tous les ans à cette époque, nous construisons le budget primitif pour l’année civile à venir. Ce qui n’est de loin pas une mince affaire !
Et les grandes préoccupations ?
La préoccupation majeure est celle, comme chaque année, de la capacité d’accueil et, partant, la qualité de la formation. Nous sommes à la fois tributaires de l’augmentation démographique quant au nombre d’étudiants, mais aussi « victimes » de notre attractivité. En face, les moyens, notamment en locaux et en personnels, ne suivront pas éternellement. Nous avons certes eu des moyens supplémentaires tant au titre du Plan investissement étudiants que de la mise en place de la loi ORE. Il faut reconnaître que cet effort est conséquent. Mais à la longue, la question de la soutenabilité de l’offre de formation reste posée.
Que souhaitez-vous aux membres de la communauté universitaire, étudiants et personnels, pour la rentrée ?
Je leur souhaite bien entendu une bonne rentrée. Pour certains personnels, ce sera la première à l’Université de Strasbourg ; je leur souhaite de découvrir notre université et qu’ils se sentent très vite bien dans leur travail. Pour certains, ce sera la dernière rentrée ; je leur souhaite de la vivre dans la sérénité. Aux étudiants nouveaux arrivants, je souhaite bien entendu qu’ils réussissent leurs études et dans leur projet personnel. Qu’ils sachent s’engager aussi dans la vie étudiante, en s’appropriant le campus de l’Université de Strasbourg et profitent aussi de la vie culturelle exceptionnellement dense de la capitale européenne.
Cette année beaucoup de chantiers immobiliers feront l’actualité (lire l'encadré). Je souhaite que ce soit chaque fois l’occasion pour l’ensemble de la communauté universitaire de prendre conscience qu’appartenir à l’Université de Strasbourg, y travailler, y étudier, s’y engager, peut être un motif de fierté. Cette fierté n’est ni un chauvinisme universitaire ni un aveuglement. Elle doit aussi constituer le ressort qui permettra de mieux remédier aux difficultés qui sont les nôtres. À ce titre, le contexte national semble indiquer que les moyens alloués aux universités et aux organismes de recherche ne seront guère à la hausse. Avec la Conférence des présidents d’université (CPU) nous sommes mobilisés pour que les moyens à la hauteur des défis soient dégagés. Pour nous, ce sera le défi de la construction d’un budget qui garantisse notre autonomie et marque une solidarité entre tous les acteurs de la vie de notre campus.
Vous êtes déjà presque à la moitié de votre mandat. Que vous reste-t-il de prioritaire à réaliser ?
Si l’accent est particulièrement mis, actualité oblige, sur Parcoursup et la mise en place de la loi ORE et de l’arrêté licence, nous n’oublions pas les autres défis. Notamment la mise en place de la nouvelle offre de formation, l’évolution des Labex (Laboratoires d’excellence), la mise en place des Écoles universitaires de recherche (EUR), qui font leur première rentrée.
Il faut aussi renforcer tout ce qui contribue à nous assurer une plus grande autonomie. Pour ce faire, nous allons expérimenter une nouvelle forme de dialogue de gestion, directement avec le ministère, pour la prise en compte des spécificités de notre site. S’agissant de la recherche, il faut assurer la pérennisation des moyens si nous voulons rester au niveau européen et international qui est le nôtre. Ces moyens sont financiers mais relèvent aussi des ressources humaines. Nous devons avoir plus de liberté, davantage de souplesse pour rester attractifs, pour garder et attirer les meilleurs chercheurs et enseignants-chercheurs.
1 Avec Eucor - Le Campus européen
2 Le nouveau logiciel de gestion des ressources humaines
« Appartenir à l’Université de Strasbourg : un motif de fierté »
Bon à savoir
Une année jalonnée d’échéances immobilières
2018-2019 sera une année universitaire extrêmement importante pour l’immobilier. Dès la rentrée un certain nombre d’événements marqueront le campus. Le 6 septembre, à l’occasion de la semaine de rentrée, la première pierre du Studium a été posée. Ce grand projet de l’Opération campus, une bibliothèque - learning centre, abritera aussi des salles de réunion et des services tels que l’imprimerie. Le 1er octobre sera inauguré l'Insectarium. Au cours du premier semestre 2019, les équipes de recherche intégreront le Centre de recherche en biomédecine de Strasbourg (CRBS). Le chantier du nouveau planétarium débutera, ainsi que ceux de la Manufacture des tabacs et de l’Institut de recherche mathématique avancée (Irma). Le Pôle européen de gestion et d’économie (Pege) sera livré fin juin 2019, tout comme le tant attendu Pôle d’administration publique de Strasbourg et Centre de la propriété intellectuelle (Paps/PCPI). Le data-centre et l’extension de l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires (Isis) seront eux aussi livrés au printemps 2019. Le chantier, actuellement en cours, de l’Institut de biologie et chimie des protéines (IBCP) sera terminé en février 2019. La Maison des personnels, place du Foin, si tout va bien, sera, elle aussi, livrée en juin 2019. Enfin, le chantier de la Faculté de droit devrait également se clore à cette période.