Journée internationale de la femme
Journée internationale de la femme

Les femmes à l'honneur dans ce numéro de L'Actu

En ce 8 mars 2013, nous avons souhaité relayer l'initiative mondiale qu'est la Journée internationale de la femme* en mettant tout particulièrement à l'honneur la gente féminine. 

Le numéro s'organise donc d'une manière un peu particulière. Une rubrique "Journée internationale de la femme" a été créée et regroupe trois articles spécifiques liés à cette thématique. Le premier fait le point sur la place des femmes à l'Université de Strasbourg, le deuxième est consacré à la population étudiante féminine et le dernier est dédié au militantisme féministe à l'université.
Pour les articles plus habituels (entretien, tour des services, portrait, etc.), nous nous sommes efforcées d'interviewer des femmes. Pour créer un fil rouge, une touche spéciale a été apportée sous la forme d'une question supplémentaire qui leur a été posée à toutes : "Dans votre expérience/projet/parcours, qu'est-ce que cela a changé d'être une femme ?".

Symbolisées par ce petit logo, les réponses à cette question se trouvent à chaque fin d'article mais sont aussi regroupées à la fin de cette rubrique.

Bonne lecture à toutes et tous.

*La Ville et la Communauté urbaine de Strasbourg se sont également associées à cette journée. Elles organisent plusieurs manifestations en l'honneur de grandes figures du féminisme dont Pinar Selek, doctorante en sciences politiques à l'Université de Strasbourg. L'histoire de celle-ci émeut et mobilise une part importante de la communauté universitaire.

Journée internationale de la femme

À l’université, les femmes cherchent leur juste place

Ce vendredi 8 mars, journée internationale de la femme, est aussi le jour de parution de ce numéro de L’Actu. Un hasard de calendrier qui intervient peu de temps après les interrogations suscitées par le fait que la nouvelle équipe présidentielle ne compte qu’une femme vice-présidente1. Nous avons donc posé la question de la place des femmes à l’Université de Strasbourg. Où sont-elles ? Comment se vivent-elles comme femmes dans l’institution ? Les réponses ne sont pas univoques et les situations souvent contrastées : plutôt favorable aux femmes dans l’administration.

Un premier coup d’œil aux chiffres tirés du bilan social de l’université rassure et même surprend : dans l’effectif général, la parité est parfaite : 2 608 hommes-2 603 femmes en 2011, du 50-50.
Ce qui n’empêche de constater une situation dans le détail bien plus hétérogène.

L’administration en exemple ?

Pour commencer par le plus positif, l’administration universitaire n’a pas à rougir de sa situation au regard de la parité. La part générale des femmes y est importante (près de 65%) et elles sont très présentes dans les sphères hiérarchiques les plus élevées : de 43 à 69% des personnels de catégorie A selon les corps. Et surtout, sur les 36 services ou directions identifiés dans l’organigramme de l’université, 21 sont confiés à des femmes, soit plus de la moitié… « Une situation qui n’est pas forcément atypique dans l’Éducation nationale », fait remarquer Frédéric Dehan, directeur général des services (DGS) de l’université, mais qui l’est au regard de l’immense majorité des entreprises privées et des grandes institutions publiques.
« C’est vrai que dans l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la Recherche, le corps administratif est très féminisé. La fonction publique, dans son mode de recrutement - concours, examen professionnel - favorise l’égalité de sexes. Et, même lorsque j’ai été recrutée de gré à gré au cours de ma carrière, je n’ai pas vécu comme un obstacle d’être une femme. Sans qu’on me fasse de fleur pour autant », témoigne Nathalie Vincent, directrice générale adjointe chargée de l’appui aux missions.

Jugées certes sur leurs compétences, mais en ayant parfois davantage à prouver

Un sentiment partagé par Colette Vassogne, directrice de l’Espace avenir, qui a été DGS dans une autre université auparavant : « Dans ma carrière, cela n’a jamais rien changé d’être une femme. Je pense que l’on s’impose par les compétences et les qualités humaines davantage qu’en fonction du genre. » En revanche, Christiane Gross, directrice de la Direction des affaires logistiques intérieures a le sentiment qu’elle a toujours été obligée de prouver qu’elle savait faire, qu’elle avait les compétences techniques, pour obtenir d’être respectée. « Peut-être parce que j’exerce une fonction logistique et technique », entendez des domaines ressentis comme masculins… Alors qu’en fait elle considère qu’elle assume sa fonction aussi bien qu’un homme : « J’ai le sens pratique, un esprit très cartésien, des atouts dans mon domaine d’activité. Et je sais aussi faire preuve de sensibilité dans les rapports humains, ce qui m’aide pour manager, notamment les personnels les plus fragiles ».
De son côté, Frédéric Dehan est plus nuancé sur le "genre" des qualités managériales qu'il perçoit comme plus liées à la personnalité qu’au sexe. « Par contre, je trouve que les femmes sont plus dans la concertation, le collégial que les hommes. Et souvent, elles abordent les choses de manière moins directe, plus complexe. » C’est d’ailleurs pourquoi la complémentarité des deux approches est intéressante.
« Hommes et femmes travaillent ensemble, c’est acquis. Par contre, la question d’actualité est celle du partage du pouvoir. Dans ce domaine, on reste encore dans des schémas, parfois inconscients, défavorables aux femmes », conclut Nathalie Vincent, qui se demande si le passage par la case « discrimination positive », ne sera finalement pas nécessaire.

Une bonne marge de manœuvre dans l’enseignement et la recherche

Une démarche qui paraît encore plus justifiée dans le milieu des enseignants-chercheurs. Les femmes y sont globalement minoritaires (à peine 40% des effectifs) et, plus on « monte en grade », moins on en trouve : elles ne représentent que 43,5% des maîtres de conférences, seulement 21% des professeurs d’université. « Je n’avais pas rencontré de difficulté dans ma carrière universitaire en tant que femme avant de chercher à devenir professeur, raconte Dominique D’Ambra, professeure agrégée en droit privé et sciences criminelles, qui a également été première vice-présidente de l’Université Robert-Schuman pendant cinq ans. À ce stade, ça c’est compliqué… J’ai pris conscience, dans ma discipline en tous cas, que les jurys qui font passer ce concours sont largement constitués d’hommes (cinq sur sept membres en moyenne). Comme inconsciemment, nous sommes tous portés à choisir ce qui nous ressemble, les femmes sont désavantagées. Pour réussir ce concours, elles devront faire davantage d’effort, être plus brillantes. » Un frein qui devrait être levé mécaniquement par une évolution des statuts de l’université, qui prévoient une représentation équitable dans les comités de sélection depuis décembre 2012, avec l’objectif d’atteindre la parité à terme.

Lever le dilemme qui oppose responsabilités professionnelles et vie familiale

De son côté, Nathalie Hillenweck, directrice de l’UFR des langues et sciences humaines (LSHA) et toute nouvelle vice-présidente déléguée à l’insertion professionnelle, avance d’autres arguments : « En LSHA, nous avons trois postes de professeur, tous occupés par des hommes, alors que c’est un domaine d’enseignement et de recherche très féminisé… Vraisemblablement, il y a un problème de disponibilité à un moment de la vie qui coïncide avec la période où l’engagement familial prend le dessus. On peut sans doute expliquer de la même manière qu’il y ait aussi peu de femmes aux fonctions de direction de composantes2 ». Même remarque pour tous les postes de gouvernance : les femmes hésitent à se lancer et celles qui osent se heurtent parfois à des systèmes de pouvoir très masculins.

"On a vite fait de les renvoyer à leur cuisine"

Dans le monde de la recherche, les femmes en responsabilité restent également une denrée rare. La composition de l’Usias3 ne brille pas par sa parité, et nombre de nos interlocutrices s’en sont émues : sur les dix membres fondateurs, chercheurs reconnus internationalement dans leur discipline, un seul est une femme, Sylviane Muller4. Un miroir de la réalité du monde de la recherche dans cette génération de chercheurs (les plus de 50 ans) ? « Oui, confirme Sylviane Muller. Dans toute ma carrière, j’ai souvent assisté à des réunions de 20-25 chercheurs, et j’étais la seule femme. Mais bizarrement, je ne le ressentais pas. J’étais là comme scientifique, et reconnue comme telle. Par ailleurs, j’ai souvent été aidée par mes collègues masculins, qui m’ont même poussée à prendre des responsabilités. Mais j’ai sans doute eu de la chance : je vois bien, qu’en général, les femmes n’ont pas droit à l’erreur, on a vite fait de les renvoyer à leur cuisine. Elles peuvent aussi être victimes d’une forme d’autocensure, elles se disent qu’elles n’arriveront pas à assumer les responsabilités professionnelles et la famille. »

Une évolution positive en ligne de mire ?

Pourtant, enseignants et chercheurs soulignent tous que les étudiantes sont souvent brillantes, appliquées et bosseuses… Alors, peut-on espérer que la parité progresse ? À vrai dire, oui : il y a des signes, en tous cas. « La plupart des femmes, d’ailleurs, demandent juste la parité, une égalité de traitement, précise Dominique D’Ambra. Même si les mentalités tardent à changer, je pense que les femmes finiront par trouver leur juste place à l’université ». Dans les laboratoires de recherche, la génération des 30-40 ans s’est beaucoup féminisée. Sur la période 2009-2012, on comptait 18 femmes directrices d'unité de recherche ; pour le nouveau quinquennal (2013-2017), elles sont 26 (pour 87 labos). En sciences de la vie-santé, leur nombre a doublé… Actuellement, la vice-présidente Recherche de l’Université de Strasbourg est une femme, ainsi que les déléguées régionales du CNRS et de l’Inserm4. De vrais symboles d’une évolution positive ?

Caroline Laplane, avec Floriane Andrey et Fanny Del

1Catherine Florentz est vice-présidente chargée de la recherche. L’équipe présidentielle compte également trois vice-présidentes déléguées.
2 Sept directrices pour 38 composantes.
3 University of Strasbourg Institute for Advanced Study.
4 Et les seize “chercheurs invités” récemment désignés sont tous des hommes…
5 Catherine Florentz, Gaëlle Bujan (CNRS) et Marie-Ange Luc (Inserm).

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Étudiants : une répartition sexuée difficile à expliquer

L’Université de Strasbourg dénombre une majorité d’étudiantes. Cependant, celles-ci se répartissent inégalement entre les filières et les diplômes. Au-delà du constat, difficile d’analyser ce phénomène. Mais quelques pistes émergent tout de même entre ressentis et hypothèses.

Au 15 janvier 2013, l’Université de Strasbourg comptait 25 142 étudiantes soit environ 57% des inscrits1. Mais en y regardant de plus près, on remarque une répartition sexuée de ce public selon les disciplines et le type de diplôme. Les filles sont effectivement très majoritaires – plus de 65% – en langues, lettres et art et en sciences humaines et sociales tandis que la proportion s’inverse dans les sciences dites fondamentales et les sciences du sport. Elles sont aussi minoritaires dans les formations dites professionnalisantes que sont les DUT et les licences professionnelles. Et elles sont également moins nombreuses en doctorat alors qu’elles ont de bons résultats en master.
À l’échelle de l’université, il est difficile de trouver toutes les clés pour expliquer ce phénomène. Prenons alors l’exemple de l’IUT Robert-Schuman. L’établissement propose des DUT et des licences professionnelles dans cinq spécialités : chimie, génie civil, information-communication, informatique et techniques de commercialisation. Il accueille plus d’un tiers de filles (36,6%) mais la répartition par sexe diffère en fonction du caractère tertiaire ou secondaire des formations.

Le reflet de la société 

Si en chimie et en techniques de commercialisation, on observe une certaine parité, on constate qu’en Infocom, les filles sont fortement majoritaires (près de 75%) alors qu’elles sont ultra minoritaires en génie civil (16%) et surtout en informatique (moins de 9%). « Cela fait 20 ans que j’évolue dans la communication et ce monde a toujours été très féminin ; on attribue souvent, à tort ou à raison, des qualités de communication aux femmes, sans qu’il n’y ait aucune explication objective » avance Philippe Viallon, chef du département Infocom. Cette répartition sexuée serait donc, selon lui, le reflet du marché du travail. Il ajoute que « les choix d’orientation des étudiants sont fortement impactés par leur environnement sociétal, familial, etc. »
Même constat pour Julien Haristoy, chef du département Informatique. « Depuis la fin des années 1980, avec l’évolution technologique, l’informatique est devenu un milieu plutôt masculin alors qu’avant, il était associé aux métiers, plus féminisés, du tertiaire et du secrétariat notamment. Cela s’est ressenti sur la répartition hommes-femmes dans les formations. » L’enseignant en mathématiques parle donc de « choix engagé » pour les jeunes filles qui s’orientent vers des diplômes qui débouchent sur des métiers de techniciens et d’ingénieurs.

Des barrières culturelles

Cela rejoint les observations faites à l’Espace avenir. « Les filles sont souvent plus réfléchies et apportent un grand soin à la question de l’orientation et du projet professionnel pour oser trouver leur propre voie et ne pas reproduire les schémas familiaux », note Yannick Achard-James, responsable du service Étudiants. Mais nombre de valeurs « très féminines » rentrent tout de même en jeu dans leur choix d’orientation. « Elles prennent beaucoup en compte les contraintes personnelles – vie de couple, de famille – dans leur stratégie de parcours ; il est aussi beaucoup question de la confiance en soi, les filles sont moins sûres d’elles que les garçons », ajoute-t-il.
Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, en est elle-même convaincue, « nous [les femmes] sommes parfois nos pires ennemies (…) les pires des obstacles sont ceux que l’on se dresse soi-même »2

Floriane Andrey 

En plus : 

Source : Service d’aide au pilotage
Extrait du discours prononcé lors de la signature de la charte pour l’égalité femmes-hommes dans l’enseignement supérieur et la recherche fin janvier 2013.

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Égalité femmes-hommes à l’université : un combat difficile à mener

Si la question de la place des femmes dans les instances universitaires strasbourgeoises a fait naître un groupe de défenseur(e)s de l’égalité femmes-hommes en 2002, elle peine aujourd’hui à rassembler.

« Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de femme présidente à l’Université Louis-Pasteur de Strasbourg ? » Cette question est à l’origine de la création, en 2002, du groupe LouisE Pasteur à l’initiative de sept enseignantes-chercheures de l’ULP. À l’époque, des listes LouisE Pasteur avaient été présentées aux élections et avaient obtenu 11 sièges sur les trois conseils. Aux élections suivantes, les LouisE Pasteur en avaient remporté 14. « C’était un phénomène assez curieux d’avoir autant de sièges, pour un groupe largement méconnu. Si certaines personnes avaient donné leur voix aux LouisE Pasteur parce que c’étaient des listes indépendantes, d’autres partageaient vraiment nos valeurs », se rappelle Michèle Kirch, l’une des fondatrices du mouvement. Ce groupe, qui rassemble des femmes et des hommes de tous les corps de métiers de l’université, ne se revendique pas « féministe » mais défend bel et bien la mixité, l’égalité femmes-hommes et le dialogue interprofessionnel pour mieux vivre et travailler ensemble1.

Éduquer les consciences

Renforcé par l’arrivée, juste avant la fusion des trois universités strasbourgeoises, de collègues des universités Marc-Bloch et Robert-Schuman, le groupe est devenu les LouisEs MarcellEs RobertEs (LMR)2, mais ses listes n’ont obtenu aucun siège aux élections de 2008. Le groupe n’en a pas présenté à celles de 2012, en particulier parce que les autres listes mettaient déjà en avant l’égalité femmes-hommes. « Il y a d’autres façons d’intervenir que de participer aux élections : interpeller, débattre, former », confie Patrick Vuillez, maître de conférences à la Faculté des sciences de la vie et membre du groupe. Les LMR tentent donc aujourd’hui d’éveiller les consciences en formant à la fois les personnels et les étudiants. Depuis l’année dernière, le groupe propose, dans le cadre de la formation continue des personnels, une action de formation intitulée « Les enjeux de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes à l’université ». Et « avec Nicole Poteaux, nous donnons un cours "genre et éducation" pour sensibiliser les étudiant(e)s à l’omniprésence des stéréotypes de genre, y compris dans le champ éducatif », explique Michèle Kirch.

« Mythe de l’égalité acquise »

Chez la génération des moins de 30 ans, Sophie Coudray, 23 ans, membre de l’ancienne association féministe Les poupées en pantalon3, constate un « recul de l’idée même de la défense des droits des femmes. Beaucoup de jeunes filles pensent que tout est déjà acquis et ne peut pas être remis en cause ». Michèle Kirch s’accorde sur ce « mythe de l’égalité acquise » mais constate que les étudiants acceptent de se questionner sur ce sujet alors que c’est peut-être plus difficile pour les personnels : « Il n’est pas impossible qu’il y ait encore des freins lorsqu’il faut demander l’accord de son supérieur hiérarchique pour suivre une formation sur l’égalité femmes-hommes. »
Ces trois personnes s’accordent à dire qu’il reste encore beaucoup à faire sur cette question, dans la société en général et à l’Université de Strasbourg, en particulier. Patrick Vuillez évoque la persistance du plafond de verre. Michèle Kirch s’attarde, elle, plutôt sur la précarité professionnelle essentiellement féminine et jette une bouteille à la mer : « Certes la majorité des chefs de service de l’Université de Strasbourg sont des femmes mais elles sont nommées, quand la majorité des responsables de composantes sont des hommes qui, eux, sont élus… »

Floriane Andrey et Fanny Del

1
Une réunion, ouverte à qui est intéressé, se tient mensuellement, le premier jeudi de chaque mois, 7 rue de l'Université. Prochaine réunion : le 4 avril.

2 Féminin des prénoms des personnalités qui donnaient leurs noms aux trois universités strasbourgeoises.
Association féministe créée par des étudiantes en 2009 et dissoute au printemps.


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Les femmes de l'université en vidéos

Utv s'associe à la Journée de la femme en ce 8 mars et a sélectionné quelques vidéos qui présentent des femmes de la communauté universitaire sous divers aspects : science, sport, culture, humanitaire, personnalité, etc.

De nombreuses femmes ont participé au Marathon fitness, organisé le 18 février 2013 par le Service des sports. Cette année, l’innovation était au goût du jour. L’équipe d’organisation avait souhaité rajouter un aspect bien-être à cet événement et ce fut un véritable succès.
En octobre 2012, deux jeunes scientifiques, doctorantes à l'Université de Strasbourg ont décroché une Bourse L'Oréal France-Unesco pour les femmes et la science.
Une rencontre avec Marie José Chombart de Lauwe, déportée à Ravensbrück, a eu lieu en mars 2012 lors de l'exposition d’œuvres concentrationnaires clandestines et d’archives issues des collections du Musée de la Résistance et de la déportation de Besançon intitulée "Les robes grises". Arrêtée pour faits de résistance à l’âge de 19 ans, Marie-José Chombart de Lauwe a été déportée au camp de Ravensbrück de 1943 à 1945. Revenue des camps, elle a beaucoup témoigné et écrit un grand nombre d’ouvrages sur la mémoire des camps et sur les dérives de l’Histoire. Sans cesse face à de nouvelles attaques, elle fait front contre les négationnistes qui tentent de minimiser la Shoah et de décrédibiliser les témoins.
L'Association pour la solidarité étudiante en France (Asef)
, présidée par l'étudiante Karine Chomel, est une association à but non-lucratif. Elle a été créée en 2011 à Strasbourg par des étudiants afin d'aider leurs camarades qui ont du mal à joindre les deux bouts.

Journée internationale de la femme

Est-il plus difficile d'être une femme au travail ?

Dans votre expérience/projet/parcours, qu'est-ce que cela a changé d'être une femme ?
C'est la question que nous avons posée à chaque femme que l'actualité nous a amenées à interviewer pour ce numéro. Voici la synthèse générale de leurs réponses.


Catherine Florentz,
vice-présidente Recherche et formation doctorale

« Être une femme ne m’a pas posé de problème dans ma vie professionnelle. On ne m’a jamais fait sentir que j’aurais des limites ou des contraintes spécifiques parce que j’étais une femme. Les hommes dans mon entourage professionnel n’ont pas hésité à me soutenir, à me faire confiance et à m’aider quand j’en ai eu besoin. Il se trouve que je suis très impliquée dans ce que j’entreprends et ai développé quelques compétences et acquis une certaine expérience. Je pense que c’est pour cela que je suis vice-présidente aujourd’hui. Je rajoute qu’il est bien sûr plus facile pour moi d’accepter cette mission aujourd’hui, à un moment où mes enfants sont indépendants, car une réelle difficulté dans la vie professionnelle d’une femme est évidemment de conjuguer plusieurs vies en même temps !
J’ai certainement aussi eu de la chance, car je suis bien consciente que la situation n’est pas aussi positive partout et pas non plus à l’université, dans le milieu des enseignants-chercheurs. Le nombre de femmes professeurs, et de femmes à responsabilités est bien inférieur à celui des hommes. Cependant, une sensibilisation à cette question et diverses actions sont menées à de nombreux niveaux, y compris au sein de notre université. Je suis optimiste pour l’avenir. »

Dominique Wolf,
directrice du Service commun de la documentation
« Travailler dans un environnement masculin ne me déplaît pas mais j’aime autant quand mon entourage professionnel est mixte : c’est un équilibre. Je ne me sens pas bridée parce que je suis une femme ; je ne l’ai jamais ressenti comme un frein. Globalement, le milieu des bibliothèques est d’ailleurs un milieu très féminin. »

Camille Sold,
étudiante en Staps ayant participé à la saison 12 de Koh-Lanta

« En Staps, il y a de plus en plus de filles. Et les barèmes en sport sont adaptés, donc l'équité est respectée. En plus, statistiquement, les filles réussissent mieux leurs études que les garçons. Pour Koh-Lanta c'est une autre affaire ! Je trouve que dans les épreuves sportives, les garçons étaient largement favorisés, à part pour le parcours du combattant où il y avait une course femme et homme séparée ! »

Delphine Bottarlini,
présidente de l'Amicale des informaticiens de l’Université de Strasbourg

« Pour moi ça ne change rien d'être une femme car je pense que c'est la motivation et les compétences qui permettent de se faire élire à la tête d'une association. Dans ma promotion, c'est sûr qu'on est très peu de filles - nous sommes deux - mais cela ne m'a jamais posé de problème y compris pour ma recherche de stage. »

Séverine Sigrist,
directrice de l'UMR Diabète et thérapie cellulaireélue « femme d’innovation » au palmarès des femmes en or fin décembre 2012
« Il est plus difficile pour une femme de faire carrière dans la recherche. Il faut concilier vie professionnelle et vie familiale et puis j’ai le sentiment que les femmes ont toujours plus de choses à prouver que les hommes pour avoir la reconnaissance de leurs pairs. Selon moi, dans son travail, une femme a une capacité d’engagement plus poussée, elle se fixe des objectifs à atteindre et va au bout de ses ambitions de façon saine malgré les contraintes auxquelles elle est souvent confrontée ! »

Véronique Brunstein,
responsable du centre d’enseignement des soins d’urgence au CHU de Strasbourg ayant suivi une validation des acquis professionnels et personnels en formation continue

« Issue d’un métier à prédominance féminine -  je suis infirmière à l’origine - être une femme n’a rien changé dans mon parcours professionnel. Le seul changement que je note c’est au moment de faire des études. En étant une femme, il vaut mieux attendre que les enfants grandissent surtout pour reprendre une formation universitaire qui demande beaucoup de réflexion. Il faut aussi négocier avec son conjoint pour qu’il s’investisse plus dans l’organisation familiale. »

Nastaran Navaei, doctorante ayant suivi une validation des acquis professionnels et personnels en formation initiale

« En Iran, les femmes rencontrent beaucoup de problèmes pour suivre des études et faire le métier qu’elles aiment. Avant le mariage, c’est le père qui décide pour sa fille. Mais heureusement, mon père n’était pas comme ça. Il m’a beaucoup soutenue et encouragée à venir en France. Dans mes études à l’Université de Strasbourg, je me sens bien, je n’ai pas de problème mais c’est peut-être parce que j’évolue dans la littérature romanesque du 19e siècle, sujet qui intéresse davantage les femmes… »