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« Sanctionner la recherche suisse, c’est sanctionner l’Europe »

En février, les électeurs suisses se sont prononcés en faveur de la « fin de l'immigration de masse » lors d’une votation, un référendum. Cette décision vise à instaurer des quotas d’immigration et aussi à renégocier la libre-circulation des personnes au sein de l'Union européenne. L’Europe a par conséquent modifié les conditions d’accès de la Suisse au programme Erasmus +, qui vise à favoriser la mobilité des étudiants, des enseignants, des personnels, et au programme de recherche Horizon 2020, ensemble de programmes de recherche et d’innovation en Europe. Très concrètement, cela signifie que les universités suisses ne pourront plus candidater aux appels à projet comme pays associé. Comme président d’une université de recherche et comme président de la Leru*, je veux dire « sanctionner la recherche suisse, c’est sanctionner l’Europe ». On ne peut se réjouir de cela.

Le monde universitaire s’est construit sur les échanges internationaux libres : la circulation des idées et celle des personnes restent aujourd’hui le moteur de la science. Les universités suisses sont aujourd’hui parmi les plus internationales au monde : leurs chercheurs, comme et aux côtés des nôtres, travaillent sur de grands projets de recherche dans des équipes transnationales. Cette situation remet en cause la qualité des échanges entre chercheurs de haut niveau et de fait la qualité globale de la recherche. Le repli sur soi de la Suisse est inquiétant en tant que tel. S’il contamine les universités, il aura de très graves conséquences. Pour la Suisse elle-même, bien sûr, dont la recherche sera menacée d’asphyxie, mais aussi pour toute l’Europe qui perdra un partenaire de recherche essentiel, avec un risque de fuite de cerveaux vers d’autres grands pays scientifiques du monde.

C’est pourquoi les scientifiques européens ont lancé un appel à la fois en direction de la Suisse et de l’Union européenne. Nous nous mobilisons pour que la recherche suisse reste sur le bateau européen, dans l’intérêt individuel et collectif, bien compris de celui-ci.

Alain Beretz
président de l'Université de Strasbourg 

*Ligue européenne des universités de recherche

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« Nous organisons une session de rattrapage pour les licences en 2014-2015 »

La mise en place de l’évaluation continue intégrale (ECI) à l’Université de Strasbourg s’est accompagnée d’une suppression des deux sessions d’examens traditionnelles, avec l’accord du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Un jugement du tribunal administratif de Strasbourg oblige cependant l’université à remettre en place une session de rattrapage. François Gauer, vice-président délégué aux pratiques pédagogiques, nous explique pourquoi et comment. 

Que se passe-t-il au juste autour de l’ECI ?
En 2010, l’Unistra décide de déployer l’évaluation continue intégrale pour l’ensemble de ses formations sur la période 2013-2017. Cette réforme est portée par une forte motivation pédagogique : je ne reviens pas sur tous les bénéfices que nous accordons à ce mode d’évaluation des étudiants (lire l'interview dans L'Actu n°74 du 3 mai 2013).
Nous avions alors vérifié que cette réforme avait le soutien du ministère, car l’ECI n’est pas prévue dans les arrêtés successifs relatifs à la licence, ni la suppression des deux sessions d’examens traditionnelles qu’elle implique. Le ministère avait alors répondu que « selon toute logique, les deux dispositifs (ECI et sessions) n’étaient pas cumulatifs ». Et d’ailleurs, l’offre de formation de l’université, incluant l’ECI, a été habilitée en juin 2013.
Il y a quelques mois, l’Union nationale des étudiants de France (Unef) a fait un recours contre l’Unistra, contestant la suppression de la session de rattrapage en licence. Malgré le soutien réaffirmé du ministère actuel, le tribunal administratif (TA) de Strasbourg a donné raison à l’Unef au nom d’une lecture littérale de la loi.

Est-ce la fin de l’ECI ?
Sûrement pas ! L’ECI va continuer à se déployer comme prévu dans les composantes qui ont choisi de l’adopter. Mais l’université doit rétablir une session de rattrapage en complément des examens organisés pendant les deux semestres. Dans le cadre de l’ECI, nous avions mis en place des épreuves de substitution qui permettaient à des étudiants empêchés aux examens (pour raisons médicales, cas de force majeure…) de se rattraper au long du semestre. Pour répondre à la décision du TA de Strasbourg, ces épreuves seront regroupées et constitueront la session de rattrapage. Elle prévoit une épreuve unique par unité d’enseignement, organisée après le jury annuel, qui doit montrer que l’étudiant maîtrise les attendus en connaissances et en compétences de l’UE, tout en assurant la crédibilité du diplôme.  
La loi prévoit en effet que les modalités de la session de rattrapage soient arrêtées librement par la Commission formation et vie universitaire (CFVU) : le projet a donc été discuté avec l’ensemble des partenaires de la CFVU ainsi qu'avec les directeurs de composantes, les responsables de scolarité, les porteurs de mentions et les étudiants élus. Il a été adopté par la CFVU le 11 mars.
En dépit de cet aménagement, je rappelle que le semestre reste le lieu où les enseignements, le calendrier de la progression, la gestion du temps, l’apprentissage et les évaluations sont mis en cohérence : c’est le lieu de la progression et de l’interaction formative, c’est donc le lieu et le temps de la réussite pour les étudiants.  
Je précise que les masters ne sont pas concernés par la décision de tribunal : ils ne le sont donc pas non plus par cet aménagement.

Cet aménagement est-il définitif ?
Je ne le souhaite pas. C’est en place pour l’année universitaire à venir (2014-2015), mais parallèlement, nous continuons à travailler avec le ministère pour obtenir, soit une modification de l’arrêté licence, qui pourrait intervenir dans le cadre de la refonte des mentions de licence ; soit un « droit à l’expérimentation » pour notre université.
J’ajoute que l’université va faire appel de la décision du tribunal administratif avec le soutien des directeurs de composantes. Il ne serait pas logique que nous acceptions sans faire appel une décision qui est en contradiction avec les discussions menées au sein de l’établissement et entre l’établissement et les services du ministère. Nous espérons que ces procédures nourriront la discussion nationale sur le vaste sujet de l’évaluation des étudiants.

Propos recueillis par Caroline Laplane

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Un nouveau site web pour la campagne de levée de fonds

La Fondation Université de Strasbourg et la Fondation pour la recherche en chimie sont les outils de collecte de fonds pour les composantes de l’université, les Hôpitaux universitaires et l’Insa de Strasbourg. Les fondations accompagnent activement les nombreux acteurs et composantes qui les sollicitent pour rendre visibles leurs projets académiques et encourager le mécénat de particuliers comme d’entreprises. Pour ce faire, les fondations se sont dotées d’un nouveau site internet. Sur ce site, chaque composante (faculté, école, institut, unité de recherche) dispose d’une page spécifique, personnalisable, et sur laquelle figure un formulaire de don à cette composante. Ce site a vocation à offrir au grand public et aux entreprises un aperçu aussi exhaustif que possible des travaux de la communauté universitaire.

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Andreas Danopoulos élu à la European Academy of Sciences

Andreas Danopoulos, fellow de l'Institut d'études avancées de l'Université de Strasbourg (Usias), a été élu à la European Academy of Sciences.

Andreas Danopoulos a soutenu sa thèse à l'Université d'Athènes. Après avoir collaboré avec Geoffrey Wilkinson (prix Nobel de chimie) à l'Imperial College de Londres, et Malcolm Green de l'Université d'Oxford, il a dirigé une équipe à l'Université de Southampton. En 2010, le cercle Gutenberg lui a attribué une chaire d'excellence, ce qui lui a permis de débuter sa collaboration avec le Laboratoire de chimie de coordination (Institut de chimie - UMR 7177 CNRS), où il est actuellement chercheur associé CNRS, et avec d’autres collègues de l’Université de Strasbourg. Ses recherches s’inscrivent dans les domaines de la chimie de coordination et organométallique et de la catalyse homogène et ont conduit à plus de 110 publications.
Dans le cadre de sa fellowship, Andreas Danopoulos travaille sur le projet La chimie des métaux de transition légers à basse coordinance : réactivité et propriétés physiques originales, soutenu par le volet recherche de l'Initiative d'excellence (Idex) du programme Investissements d'avenir.

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Une matinale consacrée aux nouveaux arrivants

Les Matinales de l’université sont un moment d’échange et de proximité entre le président et divers membres de la communauté universitaire. Celle du 14 mars portait sur la thématique des nouveaux étudiants arrivant à l’Université de Strasbourg (Unistra). Des lycéens, des premières années de licence mais aussi des acteurs de l’accueil et de l’orientation ont ainsi participé à une discussion franche et directe pour nourrir le débat et anticiper des problématiques essentielles.

Autour de la table, le président, la vice-présidente déléguée Réussite étudiante, la directrice du Service communication, le directeur de l’Espace Avenir, mais surtout un agent d’accueil au Patio, une étudiante vacataire chargée d’accueil, ainsi que des étudiants de première année, des lycéens et une professeure principale de classe de terminale. La discussion débute sur le parcours d’orientation des lycéens.

L’échange humain plébiscité

La structure dans laquelle ils vont suivre leurs études n’est pas leur principale priorité. Mais ils s’informent pour leur orientation notamment lors des Journées des universités (JU) qui leur permettent généralement de choisir une formation. L’échange avec des étudiants/enseignants reste limité par le cadre (beaucoup de stands et beaucoup de lycéens à la recherche d’informations) mais primordial. Les JU conviendraient mieux à un lycéen de première qui n’a pas encore une idée très précise de la voie qu’il souhaite emprunter. Par contre, les lycéens vont cibler en amont les composantes qu’ils souhaitent découvrir lors de la Journée portes ouvertes (JPO) en fonction de leur(s) domaine(s) d’intérêt. L’intervention, dans les lycées, d’étudiants ou d’enseignants, et tout simplement l’échange humain, sont plébiscités alors que, d’une manière générale, le trop-plein d’informations d’Internet perturbe les lycéens. Le contact avec un étudiant, un enseignant leur paraît plus efficace et leur permet de se projeter plus aisément.

Autonomie, attirante et crainte à la fois

La première impression des lycéens au sujet de l’Unistra est son étalement dans l’espace. Elle est comparée à un « complexe », « une ville dans la ville ». Le changement de structure est pour eux source d’angoisse, car de nouveaux repères sont à prendre. Ils craignent et sont à la fois attirés par l’autonomie qu’ils pourront avoir à l’université. Ils s’imaginent avoir tous leurs cours en amphi, ce qui n’est pas systématiquement le cas.
Cependant, les lycéens sont intéressés par la pluridisciplinarité de l’Unistra. Ils s’imaginent aisément échanger avec des étudiants venant d’autres filières et ainsi enrichir leurs connaissances dans d’autres domaines.
L’environnement économique a renforcé l’une des principales préoccupations des lycéens qui est d’être formé à un métier, de rentrer dans la vie active, de trouver un emploi. Mais ils n’arrivent pas tous à l’université avec une idée précise du métier qu’ils souhaitent exercer. La première année peut les aider à déterminer leur intérêt pour certaines matières.

Arrivée dans un nouveau pays

Pour les primo-entrants, l’arrivée à l’Unistra peut être comparée à l’arrivée dans un nouveau pays. La semaine de rentrée permet aux étudiants d’avoir les informations qui leurs seront utiles à court terme. Ils peuvent ainsi s’acclimater à l’université, et se repérer plus facilement dans l’espace. Elle leur permet également de créer un lien social. Les primo-entrants vont plus facilement aller poser leurs questions à des étudiants qu’au personnel administratif. Ils se sentent plus proches d’eux. Cela leur permet également de repérer les « bons plans étudiants ».

Christelle Cura et Fanny Del