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Où en est-on du processus de rattachement de l’Université de Haute-Alsace ?

En janvier dernier, à l’issue d’une séance commune des conseils d’administration de l’Université de Strasbourg et de l’Université de Haute-Alsace, nous étions hélas peu confiants dans la possibilité de nous  déterminer ensemble en mars 2012 sur l’architecture générale de la convention donnant sens au rattachement. De plus, l’Université de Haute-Alsace, en situation institutionnelle instable, s’apprêtait à entrer dans le processus électoral qui la dotera en mai et juin prochains de nouvelles instances. C’est pour garantir aux collègues mulhousiens la sérénité nécessaire à un débat constructif dans ce contexte que je proposais, dans une lettre ouverte que je vous avais présentée, de surseoir à l’adoption d’une première version de la convention.
Conscient de l’importance de l’enjeu, le 23 février 2012, le conseil d’administration de l’Université de Haute-Alsace demandait, à l’unanimité, le rattachement à l’Université de Strasbourg. Sa demande était accompagnée d’un texte clarifiant les contours de cet engagement. Le 13 mars, j’ai donc proposé au conseil d’administration de l’Université de Strasbourg de se prononcer en réponse à cette demande. Celle-ci fut approuvée à l’unanimité.
Que se passe-t-il à présent ? Nous préparons le dossier à l’appui duquel nous demanderons au ministère de soumettre la demande à l’avis du CNESER afin que le décret de rattachement puisse être publié au plus vite. Dans cette perspective, nous réunirons prochainement le Comité technique d’établissement (CTE) pour présenter cette stratégie et recueillir son avis.
Au-delà du décret, le contenu stratégique et opérationnel de ce rattachement sera résumé dans une convention. Sa rédaction sera remise sur le métier et se nourrira des réflexions et propositions qui sont en cours d’élaboration, tantôt par les acteurs de terrain (composantes, unités de recherche, services), tantôt  par les Cévu (conseil des études et de la vie universitaire) communs qui s’attachent à définir les éléments d’une stratégie de formation commune. Elle ne pourra être validée que lorsque les nouvelles instances de l’Université de Haute-Alsace auront été mises en place. Je reste convaincu que ce processus ne fera sens que s’il est porteur d’une ambition commune et dépasse le cadre d’une simple coopération.

Alain Beretz
président de l'Université de Strasbourg

Pour suivre l'évolution de ce projet, consulter le site dédié.

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Alain Beretz, président d’Eucor : « Il faut imaginer une structure fédérative innovante pour les universités du Rhin supérieur »

Alain Beretz et Horst Hippler qui préside le Karlsruher Institut für Technologie

Cette année, c’est le président de l’Université de Strasbourg qui pilote Eucor(1), dans le cadre de la présidence tournante assumée par les universités membres de la Confédération des universités du Rhin supérieur. Tour d’horizon et projets d’Alain Beretz pour cette institution atypique qui vient de fêter ses 20 ans.

Quelle est, à votre avis, la plus-value d’Eucor pour les universités qui en sont membres ? Chercheurs, enseignants, étudiants : pour qui pensez-vous qu’Eucor porte le plus d’enjeu ?

Alain Beretz :
Eucor, c’est un espace de coopération universitaire international original, car fondé sur une vraie proximité géographique. Sa plus-value est là : les différentes universités membres de la Confédération ont développé, chacune, des partenariats internationaux dans le monde entier, à l’image de l’Université de Strasbourg. Mais les relations entre les universités du Rhin supérieur sont marquées par cette possibilité de travailler physiquement ensemble : elles se trouvent à 1h ou 1h30 de temps de transport les unes des autres. Ce qui est intéressant, c’est que le développement de ce « Rhin supérieur des cerveaux » s’ancre dans l’histoire du territoire. La migration des chercheurs et des docteurs le long du Rhin, de Bâle à Heidelberg, a commencé avec la Réforme. Notre collaboration s’appuie donc sur une culture commune.
Bien sûr, Eucor offre également des plus-values fonctionnelles qui profitent à l’ensemble de la communauté universitaire. Concernant les étudiants, c’est une chance d’étudier dans un milieu authentiquement international, où l’on est amené à pratiquer simultanément 3 langues.

Quelles sont vos priorités, pour ce mandat ?
A.B. :
D’abord, il faut avoir conscience que ce mandat, d’un an, se situe dans le cadre de la présidence tournante d’Eucor. Son exercice est donc nécessairement collégial, et sa stratégie, partagée.
De fait, nous sommes tous d’accord pour dire qu’Eucor doit maintenant évoluer. À sa création, il y a 20 ans, c’était une idée très innovante et vraiment intéressante. Elle a permis de faire émerger quelques très belles expériences en recherche -Neurex, Beatus Rhenanus -, ou formation -l’École supérieure de biotechnologie Strasbourg. Mais son action reste trop confidentielle, au sens où elle concerne encore trop peu de personnes. Je pense qu’une des solutions consiste à simplifier le type d’actions qu’Eucor soutient, à mettre la barre un peu moins haut. Par exemple, développer davantage les projets bi-nationaux, qui sont beaucoup plus faciles et souples à construire que les projets tri-nationaux.
Nous réfléchissons également à une évolution du statut et du nom d’Eucor. La confédération n’a pas de statut juridique aujourd’hui. Si on lui en créait un, cela permettrait de développer une politique de recherche de fonds, ou de répondre à des appels d’offre au nom d’Eucor. Il pourrait s’agir d’une structure de type « Pres »(2), une vraie entité académique. De même, faire évoluer son nom vers une appellation plus ouverte, compréhensible à l’international, du type « Université du Rhin supérieur », est envisagé. Aujourd’hui, la notoriété d’Eucor est portée par celle de ses universités membres. Si on lui donnait une visibilité plus grande, la tendance pourrait s’inverser. D’autant que le contexte est porteur : les collectivités territoriales des trois pays avancent dans leur projet de Région métropolitaine : l’enseignement supérieur et la recherche ont été clairement désignés comme l’un des piliers de ce projet politique ambitieux.

Une grande université pour le Rhin supérieur, vous l’avez souvent évoquée publiquement, précisant même un horizon (2020). Est-ce une utopie ou a-t-elle réellement une chance d’exister un jour ?
A.B. :
 À l’université, on travaille beaucoup sur des utopies, au bon sens du terme. C’est le sens même de notre métier : inventer ce qui n’existe pas, innover…  En ce sens, la réponse est oui. Le travail de mise en cohérence des universités du Rhin supérieur s’est déjà concrétisé : ainsi, l’Université de Fribourg a participé, par la voix de son président, à la réussite de l’Idex de l’Université de Strasbourg. De mon côté, j’ai soutenu les initiatives d’excellence de Fribourg et Karlsruhe. Je pense qu’on peut raisonnablement imaginer la création et le développement d’une structure fédérative pour nos universités, même si sa forme reste complètement à inventer. Il ne peut s’agir d’une fusion. Il va falloir être extrêmement créatif et innovant pour accommoder nos différences.

Propos recueillis par Caroline Laplane (Université de Strasbourg) et Caroline Schmitt (Eucor)


(1) La Confédération européenne des universités du Rhin supérieur (Eucor) regroupe les universités de Fribourg, Bâle, Strasbourg, Karlsruhe et Haute-Alsace. Soient 108 000 étudiants et  11 000 enseignants et chercheurs.
(2) Pôle de recherche et d’enseignement supérieur

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Collégiums : le bilan avant une version 2 ?

Inventés ex-nihilo au moment de la fusion et mis en place dans la foulée, les collégiums sont  actuellement  en phase de bilan dans l'université, avant d'être évalués par l'Aeres(1). Il s'agit de réfléchir à leur reconduction pour le prochain contrat quinquennal, et aux ajustements à leur apporter.

« L'idée des collégiums est née d'un constat partagé dans la phase de préparation de la fusion, explique le président Beretz : 38 composantes et une seule présidence formaient une structure à la fois trop pointue et trop étale. Il ne paraissait pas très évident d'organiser un dialogue équilibré en direct entre ces deux strates. Il fallait créer entre elles un corps intermédiaire de dialogue et de construction de projets. » Neuf collégiums thématiques ont donc été constitués dans la mouvance de la fusion, qui fédèrent les 38 composantes et 75 équipes de recherche de l'Unistra.
Expérience inédite, la construction des différents collégiums s'est faite de manière intuitive, sur la base du volontariat, de la négociation, et dans un cadre qui avait été laissé volontairement ouvert et peu contraignant. « C'est pourquoi certains collégiums ont eu et ont toujours du mal à trouver leurs marques et leur fonctionnement, précise Alain Beretz. En même temps, c'était le meilleur moyen pour que les acteurs des collégiums s'approprient la structure ».
De fait, la situation aujourd'hui est hétérogène, voire contrastée, et le bilan, naturellement mitigé. Les collégiums ont des tailles très diverses (de deux à huit composantes), des fonctionnements différents, ils se sont appropriés des missions également différentes, et ont mis sur pied chacun des collaborations propres. Enfin, clairement, la « mayonnaise » n'a pas pris dans certains d'entre eux, pour des raisons souvent conjoncturelles.

Certains résultats  sont très concrets


Néanmoins, plusieurs ont réussi à travailler très concrètement, par exemple en organisant un pré-classement des projets de recherche émanant de leurs équipes, avant le passage en conseil scientifique de l'université ; ou encore en proposant, pour l'offre de formation à venir (2013-2017) des formations qui enjambent plusieurs composantes, voire plusieurs collégiums : la licence Humanités est dans ce cas. Une avancée dans l'objectif de renforcement de l'interdisciplinarité.
De plus, plusieurs responsables de collégiums soulignent, dans leur bilan, un point positif qui n'est pas sans importance : ils ont permis aux acteurs des composantes et équipes de recherche tout simplement de se connaître, d'échanger, de partager, de faire circuler l'information de manière inédite. « C'est clairement le cas pour nous, raconte Nicole Poteaux, directrice du collégium Éducation et formation. Notre collégium est tout petit, formé de deux composantes -Faculté des sciences de l'éducation et IUFM- et d'un laboratoire de recherche, et l'un de ses objectifs est de favoriser l'intégration de l'IUFM à l'université(2). Il rencontre bien sûr des difficultés, notamment liées à sa binarité, qui favorise, à mon avis, le corporatisme, chacun ayant tendance à défendre son pré carré. Mais du moins, nous avons appris à nous connaître et commençons à travailler ensemble ».
Le collégium Sciences-ingénierie-technologie, à l'inverse, est l’un des plus grands collégiums : huit composantes -cinq écoles d'ingénieurs et trois IUT- et onze équipes de recherche associées. « Malgré la taille, nous avons pu rapidement construire notre collaboration autour d'une ossature qui est notre point commun : les formations professionnalisantes », explique Daniel Guillon, délégué général du collégium SIT. De fait, ce collégium a mis en place, entre autres, une mutualisation des langues rares proposées en troisième langue vivante aux étudiants des écoles d'ingénieurs, des partages de salles de travaux pratiques entre plusieurs membres, une plate-forme informatique commune... Un nouveau diplôme d'ingénieur commun à deux écoles est également proposé dans l'offre de formation 2013.

Vers un cadrage plus clair ?


« Personnellement, je tire un bilan plutôt positif de l'expérience, précise Daniel Guillon. Le collégium est un lieu idéal pour créer des parcours et diplômes transversaux. Je suis d'avis de maintenir la structure pour le prochain quinquennal, mais en cadrant plus clairement ses compétences et ses missions. Pourquoi pas un contrat d'objectifs et de moyens passés entre la gouvernance et les collégiums ? Ainsi, nous aurions une visibilité à cinq ans et les moyens de réaliser nos objectifs ». Car une des entraves du système tient peut-être à l'absence de moyens humains et financiers accordés aux collégiums. Un avis partagé par Nicole Poteaux qui estime également que ils ont besoin d'un cadrage plus clair.
« C'est bien la question centrale qui est posée pour l'avenir des collégiums, conclut Alain Beretz. Quelles fonctionnalités, quelles compétences ? Doit-on renforcer le rôle des collégiums, tout en respectant la place des composantes ? Doit-on mutualiser certains fonctionnements ? Autoriser ceux qui le souhaitent à évoluer vers des fédérations de composantes ? » Des options à confirmer, ou pas, après la phase d'évaluation.

Caroline Laplane


Consulter le dépliant sur les Collégiums de l'Université de Strasbourg

(1) Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur.
(2) L’IUFM d’Alsace a fusionné avec les trois universités strasbourgeoises en 2009.

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La Fondation Université de Strasbourg propose des bourses d’études pour les premiers cycles

Lancées en 2011, les bourses d’études proposées aux étudiants primo-entrants à l’Université de Strasbourg par la Fondation devraient décoller en 2012.

Une dizaine d’étudiants bénéficie actuellement du dispositif original de bourses d’études de premier cycle mis en place par la Fondation Université de Strasbourg à la rentrée dernière. Soutenu par une communication active, le dispositif devrait voir le nombre de ses bénéficiaires progresser pour l’année 2012-2013. « L’idée est simple, explique Patrick Llerena, directeur de la Fondation(1). Il s’agit de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur d’étudiants d’origine modeste, qui ne peuvent pas toujours prétendre à une bourse sociale classique du Crous, car les revenus de leurs parents sont juste au-dessus des plafonds de ressource. Ils sont donc obligés de travailler pour financer tout ou partie de leurs études, ce qui peut être un facteur d’échec. » L’avantage pour l’étudiant, c’est que la bourse court sur l’ensemble du cycle de licence : « s’il se consacre à ses études, il est tranquille pour 3 ans ».

Des conditions de ressources et de projet


Trois types de bourses d’études ont donc été créées : deux sont portées par le monde de l’entreprise, et sont soumises à la fois à conditions de ressources et à « conditions de projet » : les bourses Tremplin, financées par l’UIMM du Bas-Rhin(2), via sa fondation Agir pour l’insertion dans l’industrie (A2i) sont réservées à des étudiants ayant un projet professionnel tourné vers l’industrie. « L’industrie, cela paraît réducteur, mais en réalité, c’est vaste : ça concerne aussi bien la technique que la gestion, ou encore les sciences expérimentales ». La bourse André et Anna Llerena, financée par l’entreprise éponyme (École française de conduite), s’adresse aux étudiants ayant l’objectif d’intégrer la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG). Chaque année, la Fondation reçoit des dons non fléchés par les donateurs : ces fonds sont utilisés pour financer la dernière catégorie de bourses, les « bourses de l’Université de Strasbourg ». Généralistes, elles sont aussi soumises à conditions de ressources et doivent s’appuyer sur un projet professionnel. « Nous sommes attentifs à la cohérence du projet et de l’engagement de l’étudiant », précise Patrick Llerena. « Cette volonté d’aider certains étudiants à mettre le pied à l’étrier universitaire a également un intérêt pour l’université elle-même : attirer vers les formations universitaires certains bons étudiants en leur apportant un plus », conclut le directeur de la Fondation.

C.L.


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(1) Patrick Llerena est par ailleurs professeur de Sciences économiques à la Faculté de sciences économiques et de gestion.
(2) Union des industries et métiers de la métallurgie.